Isotrope, « qui présente les mêmes caractéristiques physiques dans toutes les directions », est une notion principalement utilisée dans des domaines scientifiques : mathématiques, optique, cristallographie, résistance des matériaux ou encore cosmologie. Quel rapport avec l’architecture me direz-vous ? Et bien isotropie fait partie d’un lot de termes et de concepts scientifiques importés dans le champ de l’urbanisme par l’équipe Studio 09 de Bernardo Secchi et Paola Vigano lors de la consultation du Grand Paris.
Ainsi, le rapport de recherche remis par l’équipe italienne mobilise les notions de porosité, de connectivité, de perméabilité, de krigeage (méthode d’interpolation géostatistique présentée par les architectes comme un système d’échantillonnage), d’isotropie ou encore de dross (scum on the surface of molten metal, terme anglais pouvant être défini comme un résidu ou une impureté). La question est alors - et on peut à notre tour passer par une métaphore botanique pour l’énoncer - la greffe de ces notions a-t-elle prise ?
Il semble que oui. En effet, les urbanistes ont pris soin de rédiger un petit lexique de ces termes, les ont encadrés de certaines précautions d’usage et ont enrichi leurs définitions. En soulignant l’idéologie sous-jacente des systèmes d’organisation spatiale, l’isotropie devient alors autant une notion distributive qu’un concept de philosophie politique. Nous vous proposons donc une édition compacte des éléments les plus éclairants du rapport Secchi & Vigano décrivant une condition urbaine isotropique.
«Isotropie» pour nous n’est pas une métaphore. Comme on verra «Isotropie» est un mot qui décrit et dessine une situation concrète de perméabilité et d’accessibilité généralisées. Il décrit une situation physique dans laquelle on n’a pas de direction privilégiée.
L’isotropie n’est pas un concept utopique. Nos analyses montrent que le Grand Paris est peut être beaucoup plus isotropique qu’on ne le pense. Le Grand Paris n’est plus une ville compacte et mono-centrique; il est plutôt une vaste région urbanisée dans laquelle les trois icônes contemporaines des villes se rencontrent et se mêlent. La ville compacte ne se trouve pas que dans le Paris haussmannien, mais parfois aussi en son extérieur, de même pour la ville debout et, bien que cela puisse paraître paradoxal, pour la ville dispersée également.
L’isotropie s’oppose à la hiérarchie, mais comme cette dernière, elle est une situation limite qui ne s’avère jamais complète ni parfaite. Il faut d’ailleurs se souvenir que la hiérarchie comme principe d’ordre, née avec les Etats nations, leurs bureaucraties, leurs écoles et leurs armées, a dû employer des siècles pour s’affirmer complètement et devenir principe d’organisation spatiale, justement par ce qu’elle s’opposait à la dispersion des pouvoirs de la société moyenâgeuse. Comme la hiérarchie a pris des siècles pour se mettre en place, l’isotropie prendra du temps pour intégrer les imaginaires collectifs et se réaliser. Il ne s’agit pas d’opposer ces deux systèmes ni de substituer l’un à l’autre, mais d’enchevêtrer, dans une mise en oeuvre en termes concrets d’aménagement, les deux systèmes se transformant l’un dans l’autre.
Lire et voir :
http://www.legrandparis.culture.gouv.fr
http://www.cnrtl.fr/definition
Ainsi, le rapport de recherche remis par l’équipe italienne mobilise les notions de porosité, de connectivité, de perméabilité, de krigeage (méthode d’interpolation géostatistique présentée par les architectes comme un système d’échantillonnage), d’isotropie ou encore de dross (scum on the surface of molten metal, terme anglais pouvant être défini comme un résidu ou une impureté). La question est alors - et on peut à notre tour passer par une métaphore botanique pour l’énoncer - la greffe de ces notions a-t-elle prise ?
Il semble que oui. En effet, les urbanistes ont pris soin de rédiger un petit lexique de ces termes, les ont encadrés de certaines précautions d’usage et ont enrichi leurs définitions. En soulignant l’idéologie sous-jacente des systèmes d’organisation spatiale, l’isotropie devient alors autant une notion distributive qu’un concept de philosophie politique. Nous vous proposons donc une édition compacte des éléments les plus éclairants du rapport Secchi & Vigano décrivant une condition urbaine isotropique.
«Isotropie» pour nous n’est pas une métaphore. Comme on verra «Isotropie» est un mot qui décrit et dessine une situation concrète de perméabilité et d’accessibilité généralisées. Il décrit une situation physique dans laquelle on n’a pas de direction privilégiée.
L’isotropie n’est pas un concept utopique. Nos analyses montrent que le Grand Paris est peut être beaucoup plus isotropique qu’on ne le pense. Le Grand Paris n’est plus une ville compacte et mono-centrique; il est plutôt une vaste région urbanisée dans laquelle les trois icônes contemporaines des villes se rencontrent et se mêlent. La ville compacte ne se trouve pas que dans le Paris haussmannien, mais parfois aussi en son extérieur, de même pour la ville debout et, bien que cela puisse paraître paradoxal, pour la ville dispersée également.
L’isotropie s’oppose à la hiérarchie, mais comme cette dernière, elle est une situation limite qui ne s’avère jamais complète ni parfaite. Il faut d’ailleurs se souvenir que la hiérarchie comme principe d’ordre, née avec les Etats nations, leurs bureaucraties, leurs écoles et leurs armées, a dû employer des siècles pour s’affirmer complètement et devenir principe d’organisation spatiale, justement par ce qu’elle s’opposait à la dispersion des pouvoirs de la société moyenâgeuse. Comme la hiérarchie a pris des siècles pour se mettre en place, l’isotropie prendra du temps pour intégrer les imaginaires collectifs et se réaliser. Il ne s’agit pas d’opposer ces deux systèmes ni de substituer l’un à l’autre, mais d’enchevêtrer, dans une mise en oeuvre en termes concrets d’aménagement, les deux systèmes se transformant l’un dans l’autre.
Lire et voir :
http://www.legrandparis.culture.gouv.fr
http://www.cnrtl.fr/definition