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26 janvier 2011

Téléramoche

« Nous refusions de continuer à vivre ici, dans ces lieux qui nous apparaissaient mutiques et inaudibles, sans tenter quelque chose, sans mener ce qu’il convient de nommer “une enquête”. Le fait même de consigner ces petits événements avec ces mots-clefs, sur un carnet, a agi sur nous comme un révélateur, nous faisant nous poser, chacun à notre mesure, certaines questions que la routine nous avait voilées – à moi comme aux autres. »

C’est par ces mots que commence Contre Télérama, un court texte d’Eric Chauvier, sorte de droit de réponse manifeste au numéro 3151 du 13 au février 2010 du dit magazine. Amalgamant critiques des politiques de logement, de l’urbanisme commercial, de l’étalement urbain, des aspirations individuelles et des contraintes économiques, les journalistes titraient : « Halte à la France moche ! »


Le point d’origine de cette laideur, de cristallisation de ces rancœurs que le journal livrait à la vindicte de tout un chacun, c’était le Centre commercial Villebon 2 et son Avenue de la Plesse.




Et ces paysages quotidiens, ce sont aussi ceux qu’a photographié Raymond Depardon avec une cruelle tendresse dans l’exposition qui vient de s’achever à la BNF.


Et comme le photographe, le livre de Chauvier invite, non à pointer un désenchantement, mais au contraire souligner la poésie discrète, le charme banal de ces territoires ; comme il le fait en décrivant des marées périurbaines…

« Un peu comme on se réveille d’un mauvais rêve, nous nous sommes rendu compte, après avoir décidé de nous arrêter sur notre mode de vie et de réfléchir à notre existence dans ce cadre périurbain, que notre temps s’égrenait au rythme du flux des voitures circulant dans notre rue. Nous avions, certes, des repères de type chronologique, mais ceux-ci n’étaient que la surface illusoire de notre existence. De façon plus profonde, notre temps est rythmé de manière quasi inconsciente par les bruits des voitures aux heures de pointe ou bien le calme total qui, aux heures creuses, s’abat sur notre rue comme sur un enterrement. »


Lire :
http://maps.google.fr/maps?f=q&source=s_q&hl=fr&geocode=&q=&sll=48.704514,2.25452&sspn=0.001975,0.006539&gl=fr&ie=UTF8&ll=48.70382,2.255588&spn=0.007746,0.026157&t=h&z=16
http://www.telerama.fr/monde/comment-la-france-est-devenue-moche,52457.php
http://www.bnf.fr/documents/fp_raymond_depardon.pdf
Eric Chauvier, Contre Télérama, Allia, 2011.


21 janvier 2011

Les auspices (2)

J’ai toujours été étonné par les horoscopes en fin de périodiques et plus encore par la publication de portraits de personnalités du même signe. Comme si un lien invisible les unissait, comme si la projection du lecteur vers ces célébrités permettait de partager quelque chose avec elles. Et si ce n’était pas tout à fait faux ?

Comme une preuve par l’absurde, nous vous présentons pendant un an, un horoscope architectural regroupant de nombreux architectes du 20ème siècle selon leurs dates de naissances. Ainsi vous serez parfaitement à mêmes d’identifier les profils psychologiques, les tempéraments, la créativité et le devenir de ces familles d’architectes… ou pas.
Verseau, 21 janvier – 18 février

21 Roger Taillibert (1926)
22
23 Joze Plečnik (1872) Margarete Schütte-Lihotzky (1897) Gottfried Böhm (1920)
24
25 Bernard Tschumi (1944)
26
27 Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc (1814) Félix Candela (1910)
28
29
30
31
01
02
03 Alvar Aalto (1898)
04
05
06 Robert Maillart (1872)
07
08
09 J.J.P. Oud (1890) Ivan Leonidov (1902)
10
11 Arne Jacobsen (1902)
12 Hendrik Petrus Berlage (1856) Auguste Perret (1874) Enric Miralles (1955)
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10 janvier 2011

Trouvé !


En architecture comme en toute chose, parfois un énoncé simple a une réponse simple. Par exemple : assembler plusieurs carrés pour en former un nouveau.


Admettons, maintenant, assembler plusieurs carrés de tailles différentes pour en former un nouveau.


Sans problème, progressons encore : assemblez plusieurs carrés, tous de taille différentes pour en former un nouveau.


Je n’y arrive pas, vous non plus ? Cette question toute simple constitue en fait le problème mathématique du pavage du carré : sa quadrature (en anglais « squaring the square »).

Si la quadrature du cercle a traversé les siècles depuis l’Antiquité avant que Ferdinand von Lindemann ne démontre son impossibilité en 1882. La quadrature du carré n’en est pas moins un problème ardu puisque sa première résolution ne date que de 1940, par Brooks, Smith, Stone et Tutte de l’université de Cambridge. La carré ainsi obtenu a ensuit été réduit de 26 à 21 éléments et confirmé par les calculs informatiques de Adrianus Johannes Wilhelmus Duijvestijn en 1992.


D’une portée évidement, sinon éminemment architecturale, ce diagramme n’a, à ma connaissance, pas été mobilisé dans ce domaine contrairement aux fameux diagrammes de Gueorgui Voronoï, abondamment utilisés par les architectes computationnels comme, mettons, Alisa Andrasek.

Sauf à considérer les plans de l’architecte anglais du 18ème siècle John Soane comme des résolutions précoces et géniales de la quadrature du carré…


Sir John Soane’s House and Museum. 1794-1824
-
Bank of England. 1788-1930




Voir :
http://squaring.net/

2 janvier 2011

Fait divers

Bonne année à tous !

Pour vous sortir de la torpeur des repas gastronomiques français de cette fin d’année, un sujet bien plus grave, le frisson des extrêmes. En effet, un site internet désigné sous l’appellation de « Sensibilisation à L'Islam Tous Azimuts », regroupant des « islamopposants », diffuse une lettre ouverte à ce qu’ils nomment des « archicollabos », c'est-à-dire des architectes maitre d’œuvres de mosquées ou d’autres lieux de culte musulmans.


Cette initiative que l’on espère isolée, n’en est pas moins inquiétante puisque ce site invite ses visiteurs à envoyer une lettre fielleuse et réactionnaire aux architectes impliqués dans ce type de commande, en fournissant les coordonnées correspondants.

« Architectes d'aujourd'hui et fossoyeurs de demain. Rappelons à nos architectes collabos dans quel pays ils vivent […]. Les mahométans malgré leurs cinq prières quotidiennes - les fesses en l'air - ne peuvent seuls construire leurs mosquées ; ils ont besoin des services d'un architecte. Les articles L.421-2 et R.421-1-2 du code de l'urbanisme, reprenant le principe posé par la loi n 77-2 du 3 janvier 1977, impose le recours obligatoire à un architecte pour la conception et la présentation du projet architectural induit par une demande de permis de construire. Aux termes de l'article L.421-2 CU, le projet architectural "définit, par des plans et documents écrits, l'implantation des bâtiments, leur composition, leur organisation et l'expression de leur volume ainsi que le choix des matériaux et des couleurs". Il précise en outre "l'insertion dans l'environnement et l'impact visuel des bâtiments ainsi que le traitement de leurs accès et de leurs abords". Qu'ils trouvent des architectes mahométans pour construire leurs mosquées, cela se comprend mais que des architectes occidentaux, acceptent ces marchés voire proposent leurs services pour la construction de ces bases d'invasion et de colonisation que sont les mosquées, est totalement inadmissible. Le pétrodollar et les projets d'urbanisme d'outre-tombe ne doivent pas laisser indifférents ces lécheurs de babouches. " Celui qui construit une mosquée pour Allah, Allah lui construira une demeure au Paradis". Source le Coran. Imprimer cet article pour que le collabo sélectionné sache de quoi nous parlons et qu'il doit comprendre, à l'aide de ses petites neurones urbanisées made in assalamou-aleikoum, que son petit commerce ne passe pas inaperçu. »

Nous adressons donc tout notre soutien, et non pas cette diatribe haineuse, à la vingtaine d’agences destinataires de ce courrier :

Architecture Studio, Pierre-Louis Faloci, Yves Lion, Jacques Rougerie, Paolo Portoghesi,et Abadie & Courtois, Robert Ballandras, Pierre Blanchard, Marc et Nadia Breitman, Bureau Architecture Méditerranée, Alain Cageron, Denis Cimenti, Christian Daniel, Emile Di Matteo, Laidi & Chateigner, Bernard Lebrun, Jean-Louis Mayer, Maurice Meunier, Maurice Monciatti, Jean Claude Neouchy, Jimmy Skalli, Henri Violet, 2GA Architectes.

Pour finir sur une note plus positive, quoique tout aussi polémique, je vous laisse en compagnie du Stadshaard, un projet d’une installation technique électrique réalisé tout récemment par De Architekten Cie.




A voir :
http://www.archdaily.com/67515/artistic-amenity-stadshaard-cie/
http://www.cie.nl

En médaillon, un soldat persan dessiné par Charles Garnier lors de son voyage en Orient. Un dessin visible à l’exposition tenue au Beaux Arts : Garnier. Un architecte pour un empire.
http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_expositions/f.charles_garnier_architecte_empire.html

On ne vous conseille pas :
http://www.geocities.jp/plateforme_sita_1/