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25 avril 2010

L’entrain ferroviaire

S’il est un fait indéniable lié à la pratique actuelle de l’architecture, c’est bien celui là : les architectes prendront le train…

En effet, la répartition géographique de la profession s’avère très inégale : l’Ile de France rassemble plus du tiers des architectes inscrits à l’ordre et les principales agglomérations régionales en accueillent beaucoup. Alors que la moyenne nationale s’établit à 45 architectes pour 100 000 habitants, la Picardie compte 14 tandis que la région PACA en compte 59. Ce déséquilibre conduit donc les architectes à beaucoup se déplacer, et à fortiori à emprunter avions, trains et voitures…


Il est alors intéressant de relire quelques études sur la perception du mouvement et sur le paysage vu depuis des infrastructures de transport, notamment celles initiées par les ouvrages de Kevin Lynch : « L’image de la cité » et « The View from the Road ». Mais ces analyses, comme le fameux livret photographique d’Edward Ruscha "Every Building on the Sunset Strip", ont principalement été conduites aux Etats-Unis et se sont concentrées sur la voiture et sa vitesse. Très peu sur le transport ferroviaire.


Pourtant, le rythme d’un voyage en train, la traversée de paysages souvent contrastés, le jour avançant à la vitesse du déplacement constituent des expériences remarquables. C’est de cette mobilité que s’est saisi l’illustrateur Jochen Gerner en rendant compte d’allers retours Paris-Nancy à bord du TGV. Le livre de dessins « Grande vitesse » qui résulte de ces trajets est donc aussi intéressant que sa réalisation est soignée. Il apparaît alors comme un chainon manquant des études perceptives et phénoménologiques menées dans le champ de l’architecture.





Voir et lire :
Kevin Lynch, Donald Appleyard, John R. Myer, The View from the Road, MIT Press, 1965.
Edward Ruscha, Every Building on the Sunset Strip (Los Angeles), 1966.
Jochen Gerner, Grande vitesse, L’Association, 2009.
http://www.architectes.org/connaitre-l-ordre/les-chiffres-de-la-profession/socio-demographique-et-activites-economiques-des-architectes-1998-2007
http://www.jochengerner.com/

19 avril 2010

La tempête

A tout point de vue, la tempête Xynthia est un drame. Mais son passage pose aussi de saisissantes questions d’urbanisme. Et notamment sur les prises de décisions collectives relatives à l’aménagement de l’espace.




Aidés d’experts, les préfectures ont rapidement déterminé des zones de protection spécifiques et des zones noires dans lesquelles près de 1500 maisons existantes devront être démolies. Sans prendre position sur la légitimité de ces contours, nous vous proposons deux extrapolations à partir des cartes des villages de Boyardville et Fouras.



L’une est la carte de la submersion de ces villages au matin du 30 mars 2010 ; l’autre la carte des du retour de la nature, suite aux destructions préventives et aux transformations imposées aux propriétaires.




Voir ailleurs :
http://www.charente-maritime.pref.gouv.fr/
http://www.vendee.pref.gouv.fr/

13 avril 2010

RMX

Un long documentaire visible sur internet apporte une contribution intéressante aux questions de copyright, de réappropriation, de relecture et de création. « RIP, Remix manifesto », de Brett Gaylor dure 90 minutes et nous rappelle le vif débat de la loi Hadopi. D’autant plus que les blogs, notamment ceux consacrés à l’architecture n’ont pas une situation évidente quant à l’utilisation d’images. Comme dans le reportage, on soutient ici la liberté d’expression et le droit de citation.



Cette note ne parle d’architecture que de manière indirecte. Seulement au travers d’une citation attribuée à Picasso : « Les mauvais artistes copient, les grands artistes volent … ». Un aphorisme en forme de 11ème commandement dont la variante anglaise est encore plus percutante : Don’t copy an idea, steal it !

Ce slogan est même devenu le credo d’un groupe de chanson française : La pompe moderne. Leurs reprises sont tellement réarrangées, traduites et finalement éloignées des morceaux originaux qu’on assiste à de réelles inventions musicales comme dans « Plus dur, meilleur, plus rapide, plus fort » :



Trimer, le faire plus vite, nous rend, plus dur, meilleur, plus rapide, plus fort, on compte en jours, jamais en heures, Alors le travail n’est jamais fini.
Trimer, le faire plus vite, nous rend, plus dur, meilleur, plus rapide, plus fort.
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, être heureux, malheureux, le travail jamais fini
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.
Jamais fini, non, non
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.
Le travail et l'améliorer, le faire plus vite nous rend plus fort, plus que jamais heure après heure, le travail jamais fini.

(Daft Punk cover)


Voir et écouter :
http://www.onf.ca/film/rip_remix_manifesto
http://www.myspace.com/lapompemoderne
http://www.myspace.com/daftpunk

5 avril 2010

Sans surprise

Le duo japonais Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa a été consacré par le Pritzker Price 2010 : quelques semaines après l’inauguration du Rolex Learning Center de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne ; et juste avant que le groupe LVMH n’annonce, le premier avril, que Sanaa conduira la réhabilitation de la Samaritaine. (Ce qui ressemble d’ailleurs fort à un poisson d’avril). Cette agence à la notoriété fulgurante a conçu et réalisé une dizaine d’édifices à travers le monde, la plupart salués par la critique :Musée d’art de Kanazawa, Logements à Gifu, Ecole de Design à Zollverein, New Museum à New York, Théâtre à Almere, Serpentine Gallery à Londres…


Reste que Toyo Ito, architecte nippon de la génération précédente, demeure un oublié du Pritzker, alors qu’il a réalisé au cours des 40 dernières années de nombreux bâtiments remarquables et que Kazuyo Sejima a fait ses premier pas dans son agence.

En 1976, il dessine la White U House à Tokyo qui devient rapidement l’exemple d’une maison protectrice au sein d’une mégalopole incontrôlée.


En 1986, il réalise Tower of Winds à Yokohama, une installation qui préfigure à la fois une architecture focalisée sur l’enveloppe extérieure des bâtiments et les thématiques environnementales et climatiques.


En 2000, il achève la Médiathèque de Sendai, qui illustre les préoccupations des années 1990 de réinvention de l’héritage moderne et qui propose une relecture opérationnelle du concept du plan libre.


En 2007, il livre Tama Art University Library à Tokyo, un élégant bâtiment arqué dont les voiles porteurs partitionnent les espaces. Une forme architecturale directement structurelle et structurante.


Lire :
http://www.lepoint.fr/bourse/2010-04-01/une-agence-d-architectes-japonais-retenue-pour-transformer-la/2037/0/440451
http://www.businessweek.com/news/2010-04-01/lvmh-picks-pritkzer-prize-winners-for-samaritaine-hotel-project.html
http://www.pritzkerprize.com
http://www.toyo-ito.co.jp/
http://www.sanaa.co.jp/