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27 mars 2009

Dommage

Le 14 mars 2009, Alain Bashung s’est éteint. Auteur d’une œuvre remarquable, à l’esthétique troublante, sa mort est un bien plus qu’une disparition : la perte d’un artiste majeur, un interprète et compositeur exceptionnel. Si les thématiques musicales et poétiques de Bashung se développent principalement comme des variations sensuelles sur l’amour, la ville, n’est pas absente de son répertoire. Ainsi, sur l’album Pizza, la chanson Rebel débute par ces mots :

«
Je serais toujours cet étranger
Au regard sombre
Un rebel dans vos villes de contrastes
»

Quelques rares chansons ont pour sujet propre l’urbain, comme A Ostende ou le duo méconnu City d’Alain Bashung et Brigitte Fontaine sur l’album Les Palaces.

«
Le pays pardonné
explose de fleurs blanches
Les gratte-ciel dorés
S'inclinent vers les branches

La vapeur azurée
Crachée par les moteurs
Fait rire et fait rêver
Près des parcs en chaleur

Cité cécité
Cité cécité
»

Vécue, fantasmée, vivante, la ville de Bashung est avant tout traversée. Plus que l’urbain, la mobilité et la vitesse sont une composante importante de l’univers du chanteur. Comme en témoignent de nombreux titres, la voiture le train ou l’avion sont des personnages à part entière des chansons : Elle fait l’avion, Toujours sur la ligne blanche, C’est comment qu’on freine, Station Service, Pas question que j’perde le feeling, Les grands voyageurs, Aucun Express… En ce sens, le clip d’un de ses derniers morceaux, Sur un trapèze, illustre à merveille cette écriture musicale en mouvement, cette trajectoire unique d’Alain Bashung…



Alain Bashung - Sur Un Trapèze


18 mars 2009

Rudy à Paris

Depuis quelques semaines, une curieuse silhouette côtoie l’aile Sud-Est du Louvre. Face au Pont des Arts se dresse une structure tenant à la fois d’un minimalisme suisse et d’une installation évènementielle cheap, tirée d’un surplus américain. Mais pourquoi camoufler des installations de chantier avec autant de soin ? Que signifie ce dispositif démonstratif d’une action architecturale sur le Louvre ? Qui souhaite ainsi éveiller notre curiosité ?




L’auteur de ce geste de disparition, n’est autre que Rudy Ricciotti, qui réalise actuellement dans la cour Visconti du Louvre l’extension abritant les collections dédiées aux Arts Islamiques. Si le projet muséographique se déploie sous un « voile », les installations temporaires des travaux sont elles drapées d’un camouflage militaire sable. Ces trames textiles ne sont pas une première pour l’architecte, puisque il s’en était déjà servi, notamment à la villa LeGoff, réalisée à Marseille en 1998.



De ce projet annexe et temporaire, on peut retenir l’irruption du militaire dans le monde culture, une sorte de remake improbable, sobre et réussi d’une opération irakienne ; d’autre part, dans la lignée du fameux article de Françoise Fromonot sur le travail de Ricciotti, on pourra aussi y voir une énième sage provocation.


Voir :
www.rudyricciotti.com

10 mars 2009

Les rosaces

AutoCAD, ou tout autre logiciel utilisé par les architectes pour dessiner leurs projets sur informatique sont souvent stigmatisés comme étant fastidieux et peu ergonomiques. Certains voient même dans ces programmes de dessin technique une limite à la production architecturale plus qu’un outil créatif.

Pourtant, ils peuvent offrir des plaisirs régressifs inattendus. Ainsi, le dessin de rosaces, véritables madeleines de l’école élémentaire. Quelles soient laborieusement tracées au compas ou répétées à l’aide de quelques clics, ces figures géométriques procurent toujours la même satisfaction d’une figure régulière, à la fois multiple et finie.



Pour être tout a fait complet, c’est d’ailleurs le même plaisir infantile qui anime les parois de béton teinté de l’Atelier Bardill, réalisé par Valerio Olgiati dans les Grisons en 2007.


A voir :
http://www.olgiati.net

2 mars 2009

Etoiles japonaises

C’est la prestigieuse équipe japonaise Sanaa (Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa) qui, n’ayant jamis construit au Royaume-Uni, a été désignée pour réaliser le prochain pavillon de la Serpentine Gallery à Londres. Conceptuellement et formellement porté par une quête de pureté, (souvent transcrite plastiquement par la blancheur), le travail de l’agence à notamment été mis en valeur par le travail photographique de Walter Niedermayr, spécialiste des paysages et du grand format, qui à réalisé de nombreux images des projets de l’agence, souvent proches de la surexposition.

D’autres formes artistiques se rapprochent aussi de cette architecture diaphane. C’est le cas de la série de jeux Hoshi Saga, réalisée par Yoshio Ishii du studio NekoGames, dont la pureté du graphisme rejoint la simplicité du propos, trouver les étoiles (hoshi en japonais) en effectuant de simples actions avec le pointeur de la souris : survoler, cliquer, glisser.



Si l’on ne peut réduire les productions culturelles et artistiques nippones à ces formes esthétiques, la simplicité et la sobriété commune à ces créations architecturales et à ces récréations numériques est troublante. Dans l’expectative, amusez vous bien.


Jouer à Hoshi Saga 1 :
http://nekogames.jp/mt/2007/05/post_16.html

Jouer à Hoshi Saga 2 :
http://www.nekogames.jp/mt/2007/09/2.html

Jouer à Hoshi Saga 3 :
http://www.nekogames.jp/mt/2008/09/_hoshi_saga_3.html


A voir :
http://www.serpentinegallery.org/
http://www.sanaa.co.jp/