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7 novembre 2009

L’homme moderne


Récompensée par deux Emmy Awards de la meilleure fiction télévisuelle, la série américaine Mad Men est remarquable à plus d’un titre. Relatant les vies de publicitaires new-yorkais dans les années 1960, elle est diffusée sur AMC TV (American Movie Classics, pas Architecture Mouvement Continuité !) et fait écho à une modernité architecturale encore rayonnante. Ainsi, le titre de la série Mad Men, fait à la fois référence aux Add Men, mais aussi à la localisation de cette profession sur la grille de Manhattan : Madison Avenue. L’activité de l’agence Sterling Cooper est donc indissociablement liée à l’espace ou elle se déroule. Plus précisément, les aventures de Don Draper se déroulent dans le building de la firme, objet lisse à la façade rideau aux montants verticaux filants. L’esthétique du bâtiment utilisé comme siège social d’une agence de publicité est tout à fait conforme à la production de l’époque et notamment à deux édifices construits sur Park Avenue : la Lever House achevée en 1952 par Gordon Bunshaft et Skidmore, Owings and Merrill et le Seagram Building élevé par Mies Van Der Rohe en 1958.


Au sein de ce building, le plateau occupé par la direction créative permet à la fois le contrôle des employés et une plus grande densité d’activités. Le dispositif de l’open-space est rendu possible par l’apparition de nouvelles technologies dont la série témoigne avec précision : standards téléphoniques relais, installation du premier photocopieur, invention du projecteur de diapositive ou de la télévision couleur. Tout comme l’organisation du travail, l’architecture se veut en pointe : une modernité alliant technique et prospérité. L’espace intérieur est d’ailleurs d’une grande qualité : le faux-plafond régulier diffuse une lumière artificielle homogène et le système des châssis en bois toute hauteur permet une partition des espaces en alternant des panneaux opaques, translucides ou vitrés. Cette modernité rationnelle est aussi tempérée par l’usage important de textiles, tant dans le mobilier que dans les aménagements intérieurs.


Pourtant, cette architecture est étrange. La régularité des structures contraste violement avec la vie et les rapports sociaux qui y prennent place : l’open-space est exclusivement occupé par des femmes aux postes subalternes, le seul noir toléré dans l’immeuble actionne les commandes de l’ascenseur, les aspirations professionnelles et jalousies personnelles des cadres s’expriment d’autant plus durement que les rapports hiérarchiques sont scrupuleusement respectés. Si de nombreux livres ou photographies des années 1960 décrivent l’avènement de la société de consommation et le triomphe de l’individualisme, la série Mad Men offre une reconstitution de cette modernité américaine dans le domaine architectural. Et au-delà de d’envisager la vie qui va avec.



Voir :
http://www.amctv.com/originals/madmen/

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