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25 février 2011

Ironique

L’actualité n’en a pas fini de rattraper le mouvement postmoderne. Ainsi, grâce à l’action du collectif Jeudi Noir visant à dénoncer la faiblesse de la politique de logement en France notamment à destination des jeunes, vous avez pu découvrir un bâtiment parisien singulier : le 22 Avenue Matignon.


Dessiné et construit par Vittorio Mazzucconi entre 1972 et 1976, ce bâtiment,aujourd’hui inoccupé et propriété du groupe Axa, a donc été squatté par des membres du collectif entre décembre et février 2011. Cet immeuble peut être considéré comme précurseur dans la mesure où l’ouvrage théorique de Charles Jencks « The Language of Post-modern Architecture » ne paraîtra qu’en 1977. Vous pouvez d’ailleurs écouter à ce sujet les émissions que François Chaslin lui a consacré. A la suite de cette réalisation, Mazzucconi participera au grands concours parisiens des Halles, de La Défense et de La Villette. Mais revenons au bâtiment et aux intentions de l’architecte :

« Lo studio si è basato con la facciata Louis Philippe preesistente, che non aveva certo alcun valore. Da essa è però nata l'idea della rovina, peraltro costruita pezzo per pezzo con della pietra nuova e secondo forme nuove, in cui la tradizione classica è sapientemente trasgredita. »

« Le projet était basé sur une façade existante Louis-Philippe, qui n’avait que peu de valeur en soi. Et c’est justement de cela que vient l'idée de son effondrement, de sa reconstruction pièce par pièce avec de nouvelles pierres, selon des formes nouvelles où les traditions classiques sont délibérément transgressées. »


Appliquant adroitement la formule copier/coller à son enveloppe, ce bâtiment est délibérément iconoclaste. Un usage du passé ne s’encombrant pas de considérations historiques, une rhétorique de la rupture dans la continuité, une attention portée à l’apparence de l’édifice comme une forme de communication… Pas de doute, cet édifice ressemble a s’y méprendre au Fouquet’s, propriété du groupe Barrière rénové et agrandi par Edouard François en 2007.

Ironique, cette similitude architecturale d’un lieu de contestation investi par des opposants forcenés du président avec le lieu de célébration de la victoire du candidat Sarkozy au soir du 6 mai 2007.

Un paradoxe de l’histoire tout postmoderne…


Voir :
http://www.franceculture.com/emission-les-jeudis-de-l-architecture-rencontre-avec-l-historien-anglo-saxon-charles-jencks-2011-02-
http://www.fouquets-barriere.com
http://www.edouardfrancois.com
http://www.vittoriomazzucconi.it
http://www.jeudi-noir.org

21 février 2011

Les auspices (3)

J’ai toujours été étonné par les horoscopes en fin de périodiques et plus encore par la publication de portraits de personnalités du même signe. Comme si un lien invisible les unissait, comme si la projection du lecteur vers ces célébrités permettait de partager quelque chose avec elles. Et si ce n’était pas tout à fait faux ?

Comme une preuve par l’absurde, nous vous présentons pendant un an, un horoscope architectural regroupant de nombreux architectes du 20ème siècle selon leurs dates de naissances. Ainsi vous serez parfaitement à mêmes d’identifier les profils psychologiques, les tempéraments, la créativité et le devenir de ces familles d’architectes… ou pas.

Poissons, 19 février – 20 mars

19
20 Louis Kahn (1920)
21
22 Jean-Philippe Vassal (1954)
23
24 Ralph Erskine (1914)
25
26 Claude Parent (1923)
27 Lucio Costa (1902) Livio Vacchini (1933)
28 John Dinkeloo (1918) Frank Gehry (1929)
29
01
02 Reyner Banham (1922)
03
04
05
06
07
08 Jaap Bakema (1914)
09 Luis Barragán (1902)
10 Hector Guimard (1867)
11
12
13
14
15 Ernst Neufert (1900)
16 Aldo van Eyck (1918)
17
18
19 Albert Speer (1905)
20

13 février 2011

Politique Friction

Les rapports entre politique et architecture sont souvent scrutés, analysés, comme en témoigne le dernier livre de Jack Lang qui raconte le premier des grands travaux de François Mitterand, le Louvre. Quand à nous, nous vous proposons trois relations inédites de l’architecture au politique.

Tout d’abord, l’homonymie du photographe d’architecture Vincent Fillon avec le toujours premier ministre François Fillon. Un photographe qui s’en amuse dans un article de blog tout en poursuivant son activité en effectuant des reportages à Shanghai ou en suivant le travail de l’architecte Christophe Gulizzi (Gymnase à Tarascon).


Puis la relation maritale d’une philosophe, Sylviane Agacinski, avec un ancien premier secrétaire du parti socialiste et premier ministre, Lionel Jospin. La contribution de la philosophe au champ de l’architecture est importante avec son ouvrage paru en 1992 qui « s’ efforce de soustraire l’architecture à quelques réappropriations philosophiques et politiques pour mieux décrire l’irréductible expérience de l’espace à laquelle elle nous engage, sans recul possible. Car l’espace partage notre existence – subjective ou collective – de telle sorte qu’il n’est jamais tout à fait propre ni tout à fait étranger. »


Enfin, le rapport filial du jeune architecte Julien Joly, issu de Pari-Belleville, avec une femme politique européenne promise à un grand avenir écologique, Eva Joly. Un jeune architecte ayant réalisé quelques maisons individuelles qui ne semble pourtant pas obnubilé de développement durable.


Ces relations de proximité posent chacune une question fondamentale : Votez pour nous ?

Voir :
Sylviane Agacinski, Volume, philosophie et politique de l'architecture, Galilée, 1996.
Jack Lang, Les batailles du Grand Louvre, RMN, 2010.
http://www.unregard.net/dotclear/index.php/2007/05/23/134-fillon-comme-le-premier-ministre
http://www.julienjoly.com/

4 février 2011

Business as usual


Bien que non rattachées à l’université, les écoles d’architecture délivrent néanmoins des formations qui par leur durée, leur nature et leurs enseignements en sont proches. Pourtant, contrairement à l’université qui délivre, par définition, un enseignement supérieur accessible au plus grand nombre, des entretiens oraux et des concours d’entrée ont étés mis en place dans les écoles d’architecture, en sus du baccalauréat et des dossiers scolaires requis dans les dossiers d’inscriptions.

Ainsi, la maison d’édition Architectures à vivre, dirigée par Eric Justman, dresse un triste constat de l’accès aux études supérieures en architecture :

« Les concours d’entrée aux écoles d’architecture sont devenus très sélectifs. Ils sont difficiles à préparer : les compétences recherchées n’ont pas trait aux connaissances acquises dans le secondaire. Les épreuves de dessin, les questions de culture architecturale, d’espace et société sont inédites pour les candidats. De plus, les concours se passent en avril mai, à une période où les lycéens ont peu de temps pour les préparer, étant mobilisés par l’obtention du baccalauréat. Et vu le nombre croissant des candidats, les jurys sont devenus très exigeants. Il ne reste que peu de place à l’improvisation. »

Mais si l’on peut transformer cet état de fait en entreprise profitable, pourquoi hésiter ? La belle invention que voilà : des classes préparatoire à l’entrée en école d’architecture :

« Une préparation encadrée permet de passer les concours dans de meilleures conditions et d’accroître considérablement les chances de réussite. Les notions acquises en terminale ne suffisent plus. Un candidat sensibilisé et préparé avec efficacité aux épreuves nouvelles mêlant aptitude artistique, culture et entretien de motivation a plus de chance de se démarquer. »

Pour la modique somme de 600 euros, l’équivalent des frais d’inscription pour une année d’enseignement dans une école d’architecture, vous aurez le droit à une semaine intensive de cours préparatoires aux épreuves de sélection des écoles. Et sans états d’âme, même si ce type de pratique contribue à consolider la sélection-discrimination à l’entrée dans les écoles d’architecture, fonçons !

Mais cette conception des structures de l’enseignement de l’architecture n’est pas isolée puisque les écoles d’architecture elles mêmes se prévalent désormais du titre d’Ecoles normales supérieures. Ainsi, comme l’Ecole d’Architecture de Versailles dont la publication scientifique était intitulée de même (eaV), toutes les écoles françaises se sont muées en ENSA-V, ENSAM, ENSAVT, ENSAB, etc…

Il ne manquerait plus que l’on encourage la diversité des profils à l’entrée des écoles, que fils d’ouvriers, résidents des cités, provinciaux, jeunes issus de filières techniques ou non scientifiques, ou tout simplement jeunes téléspectateurs charmés par Valérie Damidot, ou plus certainement par Ted Mosby, architecte et personnage principal de la série américaine « How I Met Your Mother » interprété par Josh Radnor, ne souhaitent intégrer d’inaccessibles et brillantes formations architecturales…

Voir :
http://avivreleblog.wordpress.com/2010/12/08/formation-lyceens-prepa-archi-par-architectures-a-vivre/

Bonus :