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2 septembre 2012

Sans les mains


« Quelle place occupe l’architecture dans l’imaginaire des sociétés post-industrielles ? » C’est par cette interrogation que s’ouvre un article consacré par le sociologue André Gunthert à la figure de l’architecte dans Inception de Christopher Nolan (disponible on-line ici). Un questionnement que nous partageons, et un champ de recherche que nous traversons et balisons peu à peu. 
 
L’auteur détaille le rôle du personnage incarné par Leonardo DiCaprio et l’analyse comme un concepteur de fiction ou plutôt penseur d’illusions. L’article questionne les représentations même de ce qui constitue l’imaginaire architectural du personnage et s’ouvre sur la conviction que l’architecte reste une figure puissante des processus de projection, d’imagination du monde. 



Cependant, le texte fait référence par deux fois à Le Corbusier, une fois au style international et une au mouvement moderne. Cette référence, ou révérence des sciences sociales envers Le Corbusier m’interroge. En effet, si Le Corbusier a eu de multiples activités et a pris de nombreuses positions éclatantes, il forme une figure complexe, d’autant plus difficile à utiliser que sa postérité est sujette à interprétation. S’agit-il d’un prisme francophone, d’un statut de reconnaissance ou d’un degré de célébrité ? 

La période d’activité architecturale et intellectuelle de Le Corbusier courant de 1920 à 1965, voit-on dans les publications scientifiques d’aussi fréquentes références à l’œuvre de ses contemporains ? Erwin Panofsky pour l’histoire de l’art, Helan Gaige en zoologie Blaise Cendrars pour la poésie, Louis Jouvet pour le théâtre ou encore Ralph Linton pour l’anthropologie ? 

Sans lui, le texte de Gunthert est tout aussi éclairant. Sans lui, on peut considérer que le déplacement d’objet d’étude nécessite un déplacement des référents à même de le penser. Sans lui, il est tout aussi légitime, voire plus, d’inventer de nouvelles méthodes analytiques des faits urbains et de leurs représentations. 

Voir : 

28 juin 2012

Un peu de généalogie


La diffusion des formes architecturales dresse souvent des histoires surprenantes. Cette mécanique, qui transforme une référence architecturale en véritable paradigme, génère ce que l’on appelle communément un tubard, c'est-à-dire un dispositif architectural que l’on retrouve dans de nombreux projets, comme le marqueur d’une époque. 

 Ainsi, la loggia colorée au sein d’un immeuble d’habitation constitue un motif dont les architectes semblent ne jamais se lasser, quoique le temps passe… Récemment deux projets ont employé, presque à l’identique ce registre plastique. Il s’agit des trois plots de l’opération Horizon Sud à Evry de Beckmann-N'Thépé, actuellement en construction. 


Ou encore l’agence KOZ (Christophe Ouhayoun et Nicolas Ziesel) pour une résidence étudiante à Paris conçue en 2007 et livrée en 2012. 

 

On assiste en fait là à une transposition de la grande loggia du bâtiment Mirador réalisé par MVRDV à Madrid entre 2001-2005. 


A moins que le groupe MVRDV ne se soit lui-même inspiré de l’IJ Tower conçue et construite entre 1993 et 1998 par Neutelings – Riedijk à Amsterdam. Une filiation qui confirmerait la fascination exercée par l’architecture hollandaise sur nos deux premiers exemples de « jeunes » architectes français de la French Touch. 


 Mais on pourrait remonter plus loin, notamment à la réalisation de certaines « fenêtres urbaines » dans les années 1980-1990, et notamment la rénovation de la barre Balzac à La Courneuve, réalisée par Laurent Israel en 1989 sur les bâtiments existants de Clément Tambuté et Henri Delacroix construits entre 1956 et1966. 


S’il est séduisant de lire et composer cet arbre généalogique, il nous faut souligner que ces filiations et répercussions sont sans aucun doute redevables aux unités d’habitation corbuséennes qui forment cette association de larges balcons singularisés par des couleurs vives. Une combinaison gagnante, toujours d’actualité… 

 

Voir :
http://www.koz.fr/ 
http://www.b-nt.biz/ 
http://www.mvrdv.nl 
http://www.neutelings-riedijk.com

13 novembre 2011

S’il m’enterre

Plusieurs architectes modernes et contemporains ont étés chargés de construire des architectures funéraires. Si les résultats de ces cimetières d’auteurs sont le plus souvent remarquables, nous avons décelé plusieurs coïncidences macabres.


En effet, Skogskyrkogården, au sud de Stockholm, est une œuvre de Gunnar Asplund et de Sigurd Lewerentz. Débuté en 1917, l’aménagement de ce grand cimetière s’achève par la construction du crématorium entre 1935 et 1940. Un édifice que ne verra pas Gunnar Asplund qui décède cette même année et dont le corps repose à proximité.


En réalisant le cimetière de la famille Brion à San Vito d'Altivole entre 1969 et 1978, Carlo Scarpa a bénéficié lui aussi d’une commande intéressante. Construisant littéralement le paysage, il y aménage plusieurs pavillons et chapelles. Malheureusement, un accident l’emporte alors que le chantier s’achève. En reconnaissance de son travail, sa sépulture se trouve dans l’enclos de ce cimetière privé.


Quand ils remportent le concours pour le cimetière d’Igualada, au nord de Barcelone, en 1984, Enric Miralles et Carme Pinos n’ont livré que peu de projets. Achevé en 1994, le cimetière permet à ces deux architectes d’émerger sur la scène internationale. Une gloire de courte durée, puisqu’Enric Miralles décède brutalement en 2000… Comme ses autres confrères, ses restes rejoignent sa création funéraire.


Souhaitons à Marc Barani, dont l’extension du cimetière St Pancrace à Roquebrune Cap Martin a bientôt 20 ans, d’être l’exception qui confirme cette triste règle. A moins que la présence dans un des carrés du cimetière de la tombe de Le Corbusier n’ait déjà suffi à valider cette terrible série …


Voir :
http://www.findagrave.com/
http://www.ina.fr/art-et-culture/architecture/video/CAB94100759/cimetiere-de-roquebrune.fr.html

28 août 2010

Le Capital

Le monde de l’édition d’architecture est un labyrinthe. Les livres d’architecture sont souvent inaccessibles : très souvent épuisés, généralement assez couteux, distribués au compte goutte dans une poignée de librairies spécialisées, souvent publiés a perte comme des livrets de communication d’entreprise et très inégalement intégré dans des bibliothèques publiques. En recherchant quelques ouvrages d’occasion, on peut se rendre compte que le livre d’architecture est à la fois une ressource pédagogique, scientifique mais aussi plus littéralement un placement, un investissement. Certains sont fiables, comme les ouvrages de Le Corbusier, notamment distribués par la galerie Lecointre Drouet. D’autres sont beaucoup plus risqués et constituent des énigmes.


C’est le cas d’un livre de compilation de tendances, consacré aux architectures de la petite enfance : Preschool & Kindergarten: Architecture de Carles Broto, Arian Mostaedi publié en 2006. Il atteint sur de nombreux site de livres d’occasion le prix tout à fait déraisonnable de 7407,22 € voire 8561,16 € soit près de 165 son prix d’origine, environ 48 € la feuille…

On sait que la valeur n’attend pas le nombre des années, mais tout de même ! Si la rareté et le prix de ce livre témoigne de l’acuité de la pensée et des projets qui y sont développés, je suis maintenant extrêmement curieux de son contenu.


Le livre d’architecture, une nouvelle bulle spéculative ? Avec ou sans son jeudi noir ? et son Jérôme Kerviel ?



Voir :
Carles Broto, Arian Mostaedi, Preschool & Kindergarten: Architecture, Links, 2006.
http://www.lecointredrouet.com/

5 juin 2010

Les témoins


Le temps qui passe amène toujours son lot de sempiternelles déceptions : « C’était mieux avant » entend-on au marché, à la boulangerie ou chez le buraliste. Dans le domaine de l’urbain, cette phrase à notamment servi de ligne directrice à un ouvrage remarquable, par sa méthode : Un siècle passe... : 46 photos-constats d’Alain Blondel et Laurent Sully Jaulmes. Paru pour la première fois en 1994, ce livre de photographies est composé de cartes postales, de photos d’archives et de campagnes de prises de vues récentes. Ainsi, il présente l’évolution de la banlieue parisienne en trois temps : 1910, 1970, 1990.


Si l’ambition qui guide l’ouvrage est une dénonciation assez univoque de la croissance urbaine de l’agglomération parisienne, on retiendra surtout le travail documentaire impressionnant et le caractère frappant et implacable des témoignages photographiques. On peut dès lors appliquer cette technique à d’autres situations urbaines, et pourquoi pas à des monuments. Observons deux icones de la modernité : la Einsteinturm bâtie par Erich Mendelsohn à Potsdam en 1921 et la villa Stein à Garches de Le Corbusier construite en 1927.


Protégés, préservés et conservés, ces édifices semblent immuables alors que tout évolue autour d’eux… Les témoins ne sont pas seulement les photographes, mais aussi la végétation. La croissance des arbres sert en effet de repère, d’indication sûre de la durée dans laquelle s’inscrivent ces monuments.


Le paysage est donc révélateur. Alors que l’on fixe les bâtiments conservés ou restitués dans leur état d’origine, on n’ose imposer cette éternelle jeunesse à leur environnement…


Voir :
http://www.aip.de/einsteinturm/
http://www.editionscarre.com/

30 novembre 2008

Schtroumpfs à lunettes

En guise de prélude, deux images pour comprendre l’importance des prothèses optiques dans l’apparence des architectes : l’incontournable paire de Le Corbusier, et le clin d’œil de Fiona Meadows, commissaire d’exposition à l’IFA-Cité de l’architecture.


Plus incongru, l’usage de la référence aux montures dans les projets d’architecture. Ainsi, l’agence Combarel-Marrec semble se spécialiser dans l’emploi de cette référence aux lunettes, à la fois outils de correction optique et accessoires de mode. Premier symptôme, le projet d’un gymnase à Sarcelles, où une paire masque, aperçue au visage de Joey Starr était devenu le générateur en élévation de l’abri des terrains de sports.


Tout récemment, Combarel-Marrec viennent de livrer un ensemble de 63 logements à Paris, rue de Picpus, dont ils qualifient les gardes corps fumés roses comme des « lunettes de soleil pour le bâtiment ». Si l’expérience de l’édifice permet effectivement de voir la vie en rose, on peut s’interroger sur la conception d’un tel dispositif : entre démonstration bling-bling, effet d’optique et intervention thérapeutique.




Sources :
http://www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-2-171.php
http://www.combarel-marrec.com/