Souvent, mes amis me disaient : « Tu devrais le faire… », « Rejoins-nous ! », « Vas y, fait le ! ». Et puis, le temps passant, les opportunités se présentant, j’ai du m’y résoudre. Je serais architecte. Je serais inscrit au tableau de l’Ordre.
D’abord, le dossier administratif. La visite à l’Ordre : « Bonjour, ça fera 260 euros pour la première année et 260 pour les frais d'inscription. ». L’aller-retour avec la Mutuelle des Architectes Français : « Bonjour, ça sera 381 euros. ». Je doute. Je pense à mes futurs clients, à la dotation du Praemium Imperial, à la gloire et aux filles du Carlton d’Eiffage. Je dépose les dossiers.
Plus tard, je reçois le carton d’invitation à la prestation de serment. Beau papier, encre métallisée, typographie soignée. « Ca fera 520 euros ». Une larme me monte aux yeux. Je suis fier.
Je téléphone à mes parents pour les inviter. Ils me demandent d’abord de leur expliquer l’utilité de l’inscription. Enfin, la nécessité… Enfin je n’y arrive pas. Ils passeront peut-être. J’annule les coups de fils à mes frères, mes cousins, mes amis, mes collègues.
Le grand soir est arrivé, je suis en avance. On m’étiquette pour que mes congénères puissent m’identifier. Je m’installe dans la chapelle du couvent des Récollets. Les animateurs de la soirée relisent leurs fiches à voix basse. J’attends. La salle est pleine, ça commence. Les animateurs de la soirée relisent leurs fiches à voix haute. Les murs de la salle sont lézardés. Je regarde obstinément une fissure qui remonte jusqu’à la charpente. Je me dis que je fais une erreur, que je ne devrais pas être là. Je panique. J’essaye de respirer calmement comme mon voisin qui s’est discrètement assoupi.
J’attends. Les présentateurs annoncent un quizz. La question n°2 me sort de la torpeur : « Qui est le président du CROAIF ? : Dominique Tessier, Lionel Carli, Bernard Mauplot ? ». Mais qui sont ces gens ? Je prends le 50/50, l’appel à un ami ne donne rien. Faux-cul, je hoche la tête quand on annonce la réponse. J’attends. Nous nous levons enfin et prêtons serment. La chapelle résonne faiblement : « Dans le respect de l'intérêt public qui s'attache à la qualité architecturale, je jure d'exercer ma profession avec conscience et probité et d'observer les règles contenues dans la loi sur l'architecture et dans le code des devoirs professionnels ». Je signe le papier, souris au photographe, retourne m’asseoir. Je toise la foule du regard. Je suis un autre homme.
Avec des amis, je rejoins le buffet. Le mauvais vin me rappelle à la réalité. Rien n’a changé. Je croise cette fille qui travaille chez 3XN. Je trinque, j’ai de la répartie. Je croise un camarade de promotion chargé de projet chez Valode et Pistre. Je trinque. Je l’évite. Je rencontre un ancien collègue. Je trinque. Il me présente à ses amis. Nous trinquons. Je passe plutôt une bonne soirée.
Bref, je me suis inscrit à l’Ordre des architectes.
PS : Pour ceux qui auraient manqué le phénomène télévisuel de la rentrée. Bref, la mini série de Canal + écrite, réalisée et jouée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio.
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3848-c-bref.html
D’abord, le dossier administratif. La visite à l’Ordre : « Bonjour, ça fera 260 euros pour la première année et 260 pour les frais d'inscription. ». L’aller-retour avec la Mutuelle des Architectes Français : « Bonjour, ça sera 381 euros. ». Je doute. Je pense à mes futurs clients, à la dotation du Praemium Imperial, à la gloire et aux filles du Carlton d’Eiffage. Je dépose les dossiers.
Plus tard, je reçois le carton d’invitation à la prestation de serment. Beau papier, encre métallisée, typographie soignée. « Ca fera 520 euros ». Une larme me monte aux yeux. Je suis fier.
Je téléphone à mes parents pour les inviter. Ils me demandent d’abord de leur expliquer l’utilité de l’inscription. Enfin, la nécessité… Enfin je n’y arrive pas. Ils passeront peut-être. J’annule les coups de fils à mes frères, mes cousins, mes amis, mes collègues.
Le grand soir est arrivé, je suis en avance. On m’étiquette pour que mes congénères puissent m’identifier. Je m’installe dans la chapelle du couvent des Récollets. Les animateurs de la soirée relisent leurs fiches à voix basse. J’attends. La salle est pleine, ça commence. Les animateurs de la soirée relisent leurs fiches à voix haute. Les murs de la salle sont lézardés. Je regarde obstinément une fissure qui remonte jusqu’à la charpente. Je me dis que je fais une erreur, que je ne devrais pas être là. Je panique. J’essaye de respirer calmement comme mon voisin qui s’est discrètement assoupi.
J’attends. Les présentateurs annoncent un quizz. La question n°2 me sort de la torpeur : « Qui est le président du CROAIF ? : Dominique Tessier, Lionel Carli, Bernard Mauplot ? ». Mais qui sont ces gens ? Je prends le 50/50, l’appel à un ami ne donne rien. Faux-cul, je hoche la tête quand on annonce la réponse. J’attends. Nous nous levons enfin et prêtons serment. La chapelle résonne faiblement : « Dans le respect de l'intérêt public qui s'attache à la qualité architecturale, je jure d'exercer ma profession avec conscience et probité et d'observer les règles contenues dans la loi sur l'architecture et dans le code des devoirs professionnels ». Je signe le papier, souris au photographe, retourne m’asseoir. Je toise la foule du regard. Je suis un autre homme.
Avec des amis, je rejoins le buffet. Le mauvais vin me rappelle à la réalité. Rien n’a changé. Je croise cette fille qui travaille chez 3XN. Je trinque, j’ai de la répartie. Je croise un camarade de promotion chargé de projet chez Valode et Pistre. Je trinque. Je l’évite. Je rencontre un ancien collègue. Je trinque. Il me présente à ses amis. Nous trinquons. Je passe plutôt une bonne soirée.
Bref, je me suis inscrit à l’Ordre des architectes.
PS : Pour ceux qui auraient manqué le phénomène télévisuel de la rentrée. Bref, la mini série de Canal + écrite, réalisée et jouée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio.
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