A la fois slogan et programme, autour de l’architecture est un blog dédié à la ville et à ses productions contemporaines.
Toujours problématique, parfois anecdotique, a(A parle de tout ce qui fait l'architecture et de tout ce qui lui fait défaut.
Une à deux fois par semaine a(A propose des lectures critiques de projets, des informations à contretemps et des tentatives ludiques de corrélation.
Bonne année ! Si vous êtes encore en tenue de soirée, tout va bien, nous allons aborder l’association fréquente de l’architecture et de la mode. Ces disciplines sont en effet plus proches qu’il n’y parait au premier abord : du plus littéral (le froissé maladroit de la façade de la Cité de la mode et du design de Paris dessinée par Jakob et MacFarlane) au plus précieux (les textiles de Naoki Takizawa pour Issey Miyake réalisés pour l’auditorium du musée Branly conçu par Jean Nouvel), en passant par le plus stratégique (la collaboration étroite, tant architecturale que marketing, de l’OMA de Rem Koolhaas avec la firme Prada).
On peut aussi parler des phénomènes de mode traversant l’architecture, ou, plus surprenant, des références architecturales implicites dont se servent les magazines de mode. Nous vous présentons ici une séance de shooting photo parue dans le numéro 70 de janvier 2010 du féminin Glamour. Mise en scène par le photographe Jimmy Backius en compagnie du top Anastasia Bondarenko, cette série a pour cadre la BNF et la remarquable passerelle Simone de Beauvoir conçue par Dietmar Feichtinger. Dans la ligne d’un précédent article, Archi-explicite, l’architecture de Dominique Perrault se prête décidément à des appropriations lascives…
La dernière mise à jour du site internet Désirs d’avenir de Ségolène Royal a dernièrement suscité une vive polémique sur l’esthétique du web 2.0. En effet, avec la démocratisation des moyens de communication, les interfaces et fonds d’écran personnalisables sont devenus l’apanage de chacun. Au risque du mauvais gout, chaque plateforme (MySpace, iGoogle, iPhone, Twitter, Netvibes) propose d’individualiser sa page web. Pour que vous ne soyez pas en reste, voici une petite sélection des fonds d’écran des sites d’agences d’architecture.
Kengo Kuma a ainsi été appelé à proposer sa version du moteur de recherche Google. Développant une poétique zen low-cost, l’illustration représente le projet du Musée des estampes Hiroshige et son intensité lumineuse varie selon l’heure à laquelle vous la consultez…
Dans une autre veine, la charte graphique du site de Jean Nouvel est simple : fond noir, lignes et typographies rouges. Comme dans nombre de ses projets, Nouvel joue d’une alliance chromatique commune, à mi chemin entre Stendhal et Jeanne Mas.
D’autres choisissent de vous accueillir sur leur site dans un joyeux bordel en plein écran : sujet difficilement identifiables ou avouables, images de mauvaise qualité… Pensées comme des pulsations d’un monde mutation ces images illustrent une profonde culture du zapping et du collage. Cette stratégie est notamment utilisée sur le site de deux agences : OMA - Rem Koolhaas et ARM - Poitevin - Reynaud. Voici donc ces deux collections : l’une caduque puisque le site d’OMA vient de changer faisant disparaître les images précédemment utilisées, l’autre joyeuse témoignant d’une autodérision maitrisée.
Michael Jackson s’était proclamé King of Pop. Un jugement auto réalisateur puisqu’il lui fut attribué ensuite par l’ensemble des medias musicaux. Dans le champ de l’architecture, à qui pourrait-on décerner cette couronne ? Etant donné que l’hégémonie d’un courant de pensée, voire d’un architecte sur la discipline n’est pas évidente, nous limiterons cette étude aux princes de l’architecture, à savoir les heureux détenteurs du Pritzker Prize. Pour trancher parmi ces têtes distinguées on peut utiliser un des services développé par Google depuis 2004 : Google Trends. Celui-ci mesure et rends accessible les moyennes mondiales des mots-clés, requêtes et publications relatives à des mots ou à des noms. Ainsi, on peut réordonner aisément ces architectes par ordre de popularité : renommée virtuelle basée sur le trafic d’informations générées par leur nom.
Echelonnée à partir du plus grand nombre de résultats : Frank Gehry et Renzo Piano, sacrés ex-aequo "Top of the Pop", voici donc la liste de qui vaut quoi :
1.00 Frank Gehry 1.00 Renzo Piano 0.95 Zaha Hadid 0.95 Norman Foster 0.68 Jean Nouvel 0.62 Tadao Ando 0.58 Herzog & de Meuron 0.54 Richard Rogers 0.50 Rem Koolhaas 0.44 Oscar Niemeyer 0.42 Richard Meier 0.35 Philip Johnson 0.26 Thom Mayne- Morphosis 0.24 Alvaro Siza 0.22 Peter Zumthor 0.22 Aldo Rossi 0.20 Luis Barragán 0.14 Rafael Moneo 0.10 James Stirling 0.10 Robert Venturi 0.08 Kenzo Tange 0.06 Glenn Murcutt 0.04 Paulo Mendes da Rocha 0.04 Jørn Utzon 0.02 Christian de Portzamparc 0.00 Kevin Roche 0.00 Ieoh Ming Pei 0.00 Hans Hollein 0.00 Gottfried Böhm 0.00 Gordon Bunshaft 0.00 Fumihiko Maki 0.00 Sverre Fehn
Vous pouvez dès lors vous perdre en conjectures et constater que : Renzo Piano = Glenn Murcutt + Alvaro Siza + Oscar Niemeyer + Thom Mayne Rem Koolhaas = Jean Nouvel – Aldo Rossi + Paulo Mendes da Rocha Luis Barragán = Robert Venturi + James Stirling
Au sein du quinté de tête, il est aussi amusant de découvrir les villes les plus curieuses à l’endroit de ces 5 architectes, celles d’où sont effectuées le plus de recherches. Il s’agit de : New York pour Frank Gehry, de Gênes pour Renzo Piano, Vienne pour Zaha Hadid, Barcelone pour Norman Foster et enfin Puteaux pour Jean Nouvel !
La Galerie de l’architecture présente actuellement une exposition consacrée à Louis Paillard, membre fondateur du groupe Périphériques et de FGP(u) (Ferrier, Paillard Gazeau), think-tank partagé entre la production d’images (marquantes ?) et la promotion de leur propre image de marque.
Citant pèle mêle De Gaulle, Jean Nouvel, une certaine littérature et Umberto Eco, le descriptif de l’exposition trouble par son côté brouillon. L’exposition elle-même, présente un collage mal articulé. De la présence d’une maquette d’un cerf orange, plus absconse qu’énigmatique, à l’absence de textes comme supports de médiation, en passant par le néon d’accueil clignotant, par d’étonnantes maquettes au 1/20ème ou par l’exposition de la matériauthèque de l’agence, il est difficile de trouver une cohérence autre que formelle et scénographique aux projets présentés.
L’énonciation d’une pensée sur l’espace est en effet réduite à l’utilisation de slogans et d’injonctions, à l’exemple du titre de l’exposition : Still alive ! Pour filer la référence du général De Gaulle, précisons que l’abandon d’un mode d’expression peut être une stratégie valable, comme le fut la pratique de la chaise vide entre 1965 et 1966. Néanmoins, force est de constater qu’en suspendant sa participation aux instances européennes, De Gaulle obtint gain de cause. Pas sûr que Louis Paillard et dans champs plus large, la French Touche, en fasse autant aujourd’hui en n’explicitant pas leurs démarches de conception, en se privant de l’écrit.
L’apparence des architectes, leurs corps, leurs visages ne devraient pas faire l’objet d’une attention plus soutenue que celle consacrée à leur travail. Pourtant, on évoque rarement Jean Nouvel sans parler de sa carrure de rugbyman de son crâne poli ou de son affection des cigares et de la bonne chère. Si la personnalité d’un architecte peut transparaître dans une description physionomique, corporelle de son être, interrogeons nous alors sur deux duos improvisés :
Il s’agit en premier lieu d’un duo américain formé de Steve Jobs, fondateur d’Appel et de Thom Mayne, architecte de l’agence Morphosis. Et dans un second lieu de Jean Louis Borloo, Ministre du développement durable, anciennement chargé de la politique de la ville, et de Christian de Portzamparc, architecte, Pritzker Prize 1994. Si la ressemblance de ces visages est frappante, il est plus étrange de trouver des traits comparables dans le parcours et les attitudes professionnelles des ces personnes issus de la même génération.
Ainsi le travail de Morphosis peut s’apparenter au programme de Steve Jobs pour Apple : allier une technologie de pointe à un design précis et recherché ; tout en soignant une image de marque décontractée, toute californienne. D’autre part, on peut rapprocher les brillants parcours de Christian de Portzamparc et Jean-Louis Borloo, profitant des mutations institutionnelles et politiques de la France des années 80 et 90 : surfant des viles nouvelles aux programmes d’Etat,; des mutations urbaines de villes en difficulté aux préoccupations environnementales actuelles.
Pour conclure ce petit exercice de paranoïa critique, définie par Salvador Dali comme « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes », nous vous conseillons de considérer cet article selon l’adage : L’habit qui se ressemble s’assemble ne fait pas le moine !
Récemment, de nombreux journalistes se sont intéressés sur l’intérêt et les activités architecturales de Brad Pitt. De son implication dans l’association Make It Right, qui suite à l’ouragan Katrina, a notamment enjoint MVRDV de réaliser des prototypes de maisons à la Nouvelle-Orléans à ses stages répétés dans l’agence californienne de Frank O. Gehry. De sa participation à la campagne de préservation de la Falling Water House de Franck Lloyd Wright au second prénom de sa fille, Shiloh Nouvel, nommée en hommage à l’architecte hexagonal Jean Nouvel.
A l’instar de Brad Pitt, de nombreuses personnalités ont rêvé voire débuté des études d’architecture. En voici un petit panel, qui permet de penser que si tout les chemins mènent à Rome, des études d’architecture peuvent mener à tout (et parfois à n’importe quoi).
Antônio Carlos Jobim, Musicien brésilien, Rio de Janeiro. Aishwarya Rai, Actrice indienne et Miss monde 1994, Raheja College, Bombay. Carla Bruni, Etudes en arts et architecture, Paris. Courtney Cox, Actrice américaine, Mount Vernon College for Women, Washington, D.C. Milo Manara, Auteur de bandes dessinées, Faculté d’architecture, Venise. Mohamed Atta, Membre des attentats du 11 septembre 2001, Université du Caire. Nicolas Godin, Membre du groupe pop-électronique Air, Ecole d’Architecture, Versailles. Odilon Redon, Peintre symboliste français, Ecole des Beaux-Arts, Paris. Paco Rabane, Grand couturier, Ecole des Beaux-Arts, Paris. Ratan Tata, Patron du conglomérat indien TATA, Cornell University, Ithaca. Serge Gainsbourg, Auteur, compositeur et interprète français, Ecole des Beaux-Arts, Paris.
Les architectes se voient comme un composant social moteur de nos sociétés, puisqu’ils participent à la production des villes et influent sur le devenir de leurs habitants. Pourtant, en tant qu’acteurs, ils peinent à participer aux débats publics qui animent leurs concitoyens. Les pétitions sur internet sont révélatrices de cette situation puisqu’elles demandent des prises de positions publiques et engagées.
Lors de l’année passée, de nombreuses actions collectives se sont développées sur la toile, tant dans les domaines politiques, médiatiques que culturels :
Charlie Hebdo et SOS Racisme lancent la pétition contre les tests ADN
Ces manifestations de soutien ont rassemblé de nombreuses personnalités, mais aussi une grande diversité de signataires. A titre de repère ces 3 pétitions ont recueilli 315 000, 185 000 et 31 000 signatures. Et les architectes sont loin d’être absents de cette masse de signataires. Pourtant on ne peut que constater l’absence de figures, de personnalités de l’architecture française. Au sein de ces nouvelles formes de manifestation partisanes, les architectes semblent hésiter entre pratique engagée et engagement médiatique.
Par ailleurs, les pétitions lancées par des architectes à destination des architectes fonctionnent à plein comme le montrent les débats autour de l’intervention de Renzo Piano à Ronchamp ou concernant la définition de l’adjectif « gesticulatoire » attribuée au groupe LeMoniteur. Encore que ces pétitions, si elles rencontrent un écho qualitatif élevé (historiens, architectes reconnus, etc..) fédèrent peu, et d’autant moins au delà de leurs frontières. A ce jour ces trois pétitions comptent 1 800, 3 500 et 200 signataires.
Moins confidentielle, la récente affaire d’antisémitisme supposé/rapporté concernant le caricaturiste Siné a elle aussi déclenché sa polémique et ses soutiens