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30 novembre 2008

Schtroumpfs à lunettes

En guise de prélude, deux images pour comprendre l’importance des prothèses optiques dans l’apparence des architectes : l’incontournable paire de Le Corbusier, et le clin d’œil de Fiona Meadows, commissaire d’exposition à l’IFA-Cité de l’architecture.


Plus incongru, l’usage de la référence aux montures dans les projets d’architecture. Ainsi, l’agence Combarel-Marrec semble se spécialiser dans l’emploi de cette référence aux lunettes, à la fois outils de correction optique et accessoires de mode. Premier symptôme, le projet d’un gymnase à Sarcelles, où une paire masque, aperçue au visage de Joey Starr était devenu le générateur en élévation de l’abri des terrains de sports.


Tout récemment, Combarel-Marrec viennent de livrer un ensemble de 63 logements à Paris, rue de Picpus, dont ils qualifient les gardes corps fumés roses comme des « lunettes de soleil pour le bâtiment ». Si l’expérience de l’édifice permet effectivement de voir la vie en rose, on peut s’interroger sur la conception d’un tel dispositif : entre démonstration bling-bling, effet d’optique et intervention thérapeutique.




Sources :
http://www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-2-171.php
http://www.combarel-marrec.com/

26 novembre 2008

La réhabilitation du verbe

La semaine passée, deux conférences se sont répondues. L’une de Nasrine Seraji à la Cité de l’architecture, l’autre de Sébastien Marot au Pavillon de l’Arsenal. Au premier abord, les titres de leurs exposés se ressemblaient : A room of one’s own et Exile on Main Street. Tout deux de langue anglaise, ils réfèrent chacun à leur manière à des productions artistiques majeures : Une chambre à soi, œuvre de Virginia Woolf et Exile on Main Street, double album exceptionnel des Rolling Stones. Témoignant de pratiques d’enseignement et de recherches ouvertes et cosmopolites, ces titres plaçaient ces entretiens sous de prestigieux augures. Cependant, cet intérêt pour des champs disciplinaires distincts de l’architecture ne mobilise pas la culture comme alibi ou une façade mais plutôt comme outil de pensée.


Sans entrer dans les projets et l’approche raisonnée présentée par Nasrine Seraji ou dans l'attrait théorique et le foisonnement factuel de la conférence de Sebastien Marot, il semble important de relever la coïncidence de ces deux exposés. Ainsi, on peut voir dans ces deux entretiens une tentative conjointe de réhabilitation du discours. Une réhabilitation au sens premier : un rétablissement dans les droits et prérogatives dont on est déchu, dans l'estime ou dans la considération perdue. C’est en effet dans un contexte ou l’écrit, l’intellectuel perd pied que se sont exprimés Seraji et Marot.
Entre les crises éditoriales des revues, une critique architecturale atone, une production théorique inexistante et un déficit abyssal d’énonciation et d’explicitation des architectes, Marot et Seraji ont brillamment démontré que l’articulation d’une pensée de l’espace est une construction intellectuelle, une architecture en soi.
N’excluant nullement la rigueur de l’argumentation, la précision des données, la qualité des hypothèses, l’architecture gagnerait à envisager le récit comme une ressource de projet.

Sources :
Vous pouvez d’ores et déjà revoir la conférence de Sébastien Marot :
http://www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-6-174.php
Le site de l'atelier Seraji, actuellement en construction
http://www.seraji.net/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nasrine_Seraji

21 novembre 2008

Le devenir pavillonnaire

Entre l’examen de la loi Boutin de lutte contre l'exclusion par le Sénat et l’Assemblée Nationale et les conséquences sans fins et sans fonds des subprimes d’outre-atlantique, la question du logement individuel mérite de croiser quelques données, notamment quant à ses modes de financement.

Ainsi en 2007, 30,6 % des ménages avaient un crédit immobilier dont la durée s'élève en moyenne à 19 ans. A titre de comparaison, cette durée était de 12,8 ans en 1993. Si l’on ne sait pas si l’allongement tendanciel des crédits sera corroboré ou stoppé par la crise, il est important de rapporter ici une des promesses de campagnes de Nicolas Sarkozy, celle de « Permettre à tous les Français d’être propriétaires de leur logement ».

Actuellement, 56% des Français sont propriétaires, l’objectif initial du gouvernement était fixé à 70% en 2012. Mais ou trouver ces 14 % de ménages français primo-accédants ? Qui seront ces populations ? De plus en plus modestes ? Dès lors, à quel prix soutenir et encourager l’accession à la propriété ? Entre l’espoir, « le rêve de chacun d’entre nous d’être propriétaire » et les fracas de la crise actuelle, autant de questions qui resteront sans doute en suspens.

Par ailleurs, la chaîne online KCET nous offre un témoignage documentaire terrifiant : une formidable archéologie immédiate de la crise américaine du crédit. Cet enregistrement dépeint sans concession les effets matériels et immobiliers de la crise dans les lotissements de la middle-class. Révélant la médiocrité de son esthétique domestique, il décrit un rêve américain ayant traversé Wisteria Lane et s’engageant maintenant dans Foreclosure Alley…




Sources :
http://kcet.org/socal/2008/09/foreclosure-alley.html
http://www.tns-sofres.com/etudes/sesame/280308_endettement.htm

18 novembre 2008

H. et de M. dans le miroir

Lors de cette grande soirée américaine du 4 novembre, de nombreux reporters couvraient le rassemblement démocrate de Grant Park à Chicago. Pour commenter la joie et l’espoir suscité par la victoire de Barack Obama, ces journalistes s’exprimaient souvent devant l’œuvre Cloud Gate d’Anish Kapoor, une bulle miroitante générant anamorphoses et réflexions.


A l’échelle de la remarquable skyline et de la pièce urbaine du parc, cette installation peut rappeler les sphères disposées par Barragan dans sa maison. Ces surfaces bombées métallisées, semblant à la fois anachronique et étrangère, contractent comme dans des glaces déformantes, les lignes simples et rudes de son architecture, le mobilier traditionnel habilement disposé et les matériaux bruts tout justes équarris.


Associés à Kapoor pour le développement d’une tour résidentielle à New York (56, Leonard Street à Tribeca), Herzog et de Meuron s’inscrivent aussi dans ce registre d’une architecture dans le miroir, renvoyée à son étrangeté. Pourtant, l’intervention de l’artiste y est plus compressée qu’enchâssée, moins scintillante que l’oeuvre des architectes qui la domine, somme toute plus anecdotique que révélatrice d’un paysage urbain.


Longtemps considérés comme les tenants d’une intelligence soignée et d’une précision raffinée, proches de l’art contemporain et de la haute couture, Herzog et de Meuron ne seraient-ils plus que le reflet d’eux même ? Ne tendraient-ils pas avec ce projet, vers le prêt-à-porter ?



A voir :
http://www.56leonardtribeca.com
http://www.casaluisbarragan.org

11 novembre 2008

Pet architecture

Depuis l’ouvrage Pet Architecture Guide Book du groupe nippon Atelier Bow-Wow, qui étudie et présente les échoppes et abris précaires de la métropole japonaise, on savait que l’ordinaire, la petite échelle et l’auto-construction méritaient toute notre attention. Fournissant des analyses détaillées de milieux urbains complexes, de situations à la fois banales et singulières cette approche à marqué une génération.


C’était sans compter sur l’inoxydable humour d’Odile Decq prenant au mot le livre de Momoyo Kaijima et Yoshiharu Tsukamoto. Elle expose en effet à la galerie Polaris une délicieuse coque à toutou, la Victor’s House, dont l’actualité tant plastique que théorique, pour ne pas dire sociale ou culturelle est tout à fait remarquable.



Source : Beaux Arts, Cyber@rchi
Voir :
http://www.bow-wow.jp
http://www.odbc-paris.com
http://www.galeriepolaris.com/