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23 février 2010

Une lettre que vous lirez peut-être


Chers collègues, patrons et amis,

C’est avec surprise que j’ai appris les conditions de travail entourant le rendu du dernier concours de votre agence. En tant que représentant du personnel de votre entreprise, je me dois de retranscrire ici des faits contrevenant autant à la dignité humaine qu’au droit du travail ou aux conventions collectives…

Trois jours de dur labeur accumulant des journées de 13 à 16 heures totalisant 35 h de travail en 3 jours. Un week-end tunnel, faisant passer une semaine normale pour un poste à mi-temps. Alors qu’une webcam surveillait le travail effectif des salariés, on m’a même rapporté la présence de chaînes… De même, les dirigeants ont pensé stimuler la productivité des employés en annonçant le montant des primes d’une hypothétique rémunération. Avec le recul, doit-on qualifier ces faits d’esclavage ?

Nourris de Knacki purée, de produits surgelés et de pizzas mangées sur le pouce, les employés, contraints de restés à leur poste de travail, ont aussi copieusement arrosé le tout de café, Coca Cola et autres bonbons acidulés. Quels monstres êtes vous donc pour élever la junk-food à l’état de religion ?

Je n’évoquerai que rapidement les conditions sanitaires de vos locaux : les yeux rougis par les écrans, le mal de dos induit par les tabourets, le manque de sommeil, l’hygiène relâchée du personnel ou encore les volutes de fumée irritant des gorges jusque la épargnées par le froid hivernal. A cet aspect physique s’ajoute un abrutissement intellectuel certain et une profonde instabilité psychologique, certains employés entonnant Diam’s à longueur de journée, d’autres confondant le rendu d’une perspective urbaine avec un défilé de cosplay…

S’il vous fallait une définition de la charrette en architecture, ce rendu de concours en possède tous les attributs. Au vu de l’urgence de la situation, il vous vaut intervenir au plus vite et promouvoir un changement radical des comportements au sein de votre agence.

Protégez vous, protégez nous de l’architecture…

Confraternellement,
Votre interlocuteur à la S.P.A.
(Société Protectrice des Architectes)

16 février 2010

Quoi ma gueule ?

A-t-on besoin de connaître le visage d’un auteur pour apprécier son travail ? Qu’apporte la photographie de l’auteur apposée sur une de ses œuvres ? De nombreuses formes artistiques, telles la littérature ou les affiches d’expositions, témoignent de cette irruption du portrait en lieu et place de l’œuvre. Le besoin d’identification du lecteur est peut être devenu impérieux. Mais à part de vagues corrélations entre physionomie et style littéraire on voit mal ce que permet cette personnification.


Il est alors surprenant de constater que cette recrudescence de portraits gagne aussi l’architecture.

Sous le prétexte de la tradition du compagnonnage, l’architecte en chef des monuments historiques chargé de Versailles, Frédéric Didier, s’est ainsi vu représenté dans un médaillon ornant la balustrade du Château.


Dans une veine plus contemporaine, le portrait photographique de Rem Koolhaas réalisé par Anuschka Blommers & Niels Schumm à été ajouté en haut de la boucle du parcours de visite du Kunsthal de Roterdam.


Enfin, plus systématique et inquiétant, le portrait d’Edouard François figure dans plusieurs des projets de l’agence. Il se trouve notamment représenté dans le parking de l’opération Eden Bio, rue des Vignoles à Paris et sur une moulure de l’Hotel Barrère sur les Champs Elysées…



Oscillant entre flagornerie, démesure et hommage, la production de ces portraits reste un phénomène surprenant. On peut tout de même rappeler que légalement, selon la loi du 3 janvier 1977, « La création architecturale et la qualité des constructions sont d'intérêt public ». Au vu de ces quelques exemples, certains architectes semblent s’être écartés du respect de la chose commune en transformant le principe d’égalité en slogan : « Tous egos ! ».


Voir :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006068580&dateTexte=20100203
http://www.momus.fr/actualites-momus.php?id=00046&depart=11
http://www.blommers-schumm.com/
http://www.edouardfrancois.com/

8 février 2010

2,29061004 °

Pour vous détendre les neurones, nous vous avons concocté un petit quizz (Plusieurs réponses sont possibles). Que représente la valeur 2,29061004 degrés ?


a- Température constante maintenue dans l’installation « The Things wich necrose » de François Roche et Stéphanie Lavaux aka R&Sie.


b- Différence entre le taux d’alcoolémie du vin Baron Eugène Haussmann, produit non loin de Cestas et de Rouillac, terre de sa belle-famille, et la moyenne des crus bordelais.


c- Humour constaté dans l'assistance lors de l’inauguration de l’exposition Claude Parent à la Cité de l’architecture et du patrimoine.


d- Angle de la pente maximale admise pour l’accessibilité des personnes à mobilité réduite aux équipements recevant du public, soit 4%.


e- Implication de la famille Dubuisson dans le champ de l’architecture : l’arrière grand-père Emile (1873-1947) notable lillois, le grand-père Jean (1914-…) animateur des Trente Glorieuses, le père Sylvain (1946-…) seulement designer et le fils Thomas (1974-…) à la tête de la jeune agence Search.


Voir :
http://www.citechaillot.fr/exposition/expositions_temporaires.php?id=107
http://www.chateaux-en-bordeaux.com
http://www.new-territories.com
http://www.agencesearch.fr

1 février 2010

Union pour un mouvement populaire

Quelquefois, une page internet, un stand de brocante ou un vieux magazine réservent des images surprenantes. Des images dont le sens de l’histoire change l’interprétation. C’est par exemple le cas du n°80 des Annales de la recherche urbaine, publié en décembre 1998, qui présente cette photographie éloquente page 99. Un graffiti, slogan de campagne électorale UMP en devenir :


Cette image, dont le sens évolue avec le temps évoque d’autres inscriptions murales en mouvement. On peut penser à la dernière campagne de prévention de l’association Aides produite par l’agence de communication TBWA qui représente un tag de pénis cherchant l’amour sur les murs carrelés de sanitaires publics…



Ou encore à la célèbre animation Muto, du graffeur italien Blu dont l’inventivité et la beauté plastique ont élevé le travail au rang de performance vidéo exposée dans de nombreuses galeries. Des inscriptions mouvantes animant des architectures banales…




Voir :
http://www.annalesdelarechercheurbaine.fr
http://www.tbwa-france.com
http://www.blublu.org
http://www.aides.org