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4 février 2011

Business as usual


Bien que non rattachées à l’université, les écoles d’architecture délivrent néanmoins des formations qui par leur durée, leur nature et leurs enseignements en sont proches. Pourtant, contrairement à l’université qui délivre, par définition, un enseignement supérieur accessible au plus grand nombre, des entretiens oraux et des concours d’entrée ont étés mis en place dans les écoles d’architecture, en sus du baccalauréat et des dossiers scolaires requis dans les dossiers d’inscriptions.

Ainsi, la maison d’édition Architectures à vivre, dirigée par Eric Justman, dresse un triste constat de l’accès aux études supérieures en architecture :

« Les concours d’entrée aux écoles d’architecture sont devenus très sélectifs. Ils sont difficiles à préparer : les compétences recherchées n’ont pas trait aux connaissances acquises dans le secondaire. Les épreuves de dessin, les questions de culture architecturale, d’espace et société sont inédites pour les candidats. De plus, les concours se passent en avril mai, à une période où les lycéens ont peu de temps pour les préparer, étant mobilisés par l’obtention du baccalauréat. Et vu le nombre croissant des candidats, les jurys sont devenus très exigeants. Il ne reste que peu de place à l’improvisation. »

Mais si l’on peut transformer cet état de fait en entreprise profitable, pourquoi hésiter ? La belle invention que voilà : des classes préparatoire à l’entrée en école d’architecture :

« Une préparation encadrée permet de passer les concours dans de meilleures conditions et d’accroître considérablement les chances de réussite. Les notions acquises en terminale ne suffisent plus. Un candidat sensibilisé et préparé avec efficacité aux épreuves nouvelles mêlant aptitude artistique, culture et entretien de motivation a plus de chance de se démarquer. »

Pour la modique somme de 600 euros, l’équivalent des frais d’inscription pour une année d’enseignement dans une école d’architecture, vous aurez le droit à une semaine intensive de cours préparatoires aux épreuves de sélection des écoles. Et sans états d’âme, même si ce type de pratique contribue à consolider la sélection-discrimination à l’entrée dans les écoles d’architecture, fonçons !

Mais cette conception des structures de l’enseignement de l’architecture n’est pas isolée puisque les écoles d’architecture elles mêmes se prévalent désormais du titre d’Ecoles normales supérieures. Ainsi, comme l’Ecole d’Architecture de Versailles dont la publication scientifique était intitulée de même (eaV), toutes les écoles françaises se sont muées en ENSA-V, ENSAM, ENSAVT, ENSAB, etc…

Il ne manquerait plus que l’on encourage la diversité des profils à l’entrée des écoles, que fils d’ouvriers, résidents des cités, provinciaux, jeunes issus de filières techniques ou non scientifiques, ou tout simplement jeunes téléspectateurs charmés par Valérie Damidot, ou plus certainement par Ted Mosby, architecte et personnage principal de la série américaine « How I Met Your Mother » interprété par Josh Radnor, ne souhaitent intégrer d’inaccessibles et brillantes formations architecturales…

Voir :
http://avivreleblog.wordpress.com/2010/12/08/formation-lyceens-prepa-archi-par-architectures-a-vivre/

Bonus :

23 janvier 2009

Vers une architecture d’extérieur ?

A l’initiative d’un lecteur assidu, étudions un curieux néologisme, celui de l’expression « architecture d’extérieur ». Ressemblant au premier abord à une plaisanterie, l’existence de cette formule montre bien combien l’acception sociale de l’architecture est flottante.

De fait, aucune définition n’existe à ce jour de cette architecture : s’agit-il du traitement du clos et du couvert ? des aménagements extérieurs ou des édicules de jardin ? La seule piste de compréhension de ce barbarisme lexical est sa formation sur le modèle de « l’architecture d’intérieur ».


Ayant une faible occurrence sur Google, elle n’est pourtant pas inexistante. Si seulement 748 pages répondent strictement à la requête « architecture d'extérieur », il existe 309 000 réponses aux termes « architecture » d’ « extérieur ». A titre de comparaison, « l’architecture d’intérieur » rassemble 182 000 réponses, et « architecture » d’ « intérieur » 860 000 pages web.

Repérée à plusieurs reprises sur des forums d’orientation destinés aux lycéens, « l’architecture d’extérieur » renvoie à un mode mineur de la pratique architecturale. En ce sens, cette expression illustre la prédominance de l’architecture d’intérieur, de la décoration sur l’architecture dans l’imaginaire collectif. Un inconscient notamment redevable aux clips Du côté de chez vous de Leroy-Merlin et à l’incontournable émission D&CO de Valérie Damidot diffusée sur M6.


Riche d’enseignement par la réduction du champ disciplinaire qu’elle propose, l’expression « architecture d’extérieur » peut pourtant sembler aussi effrayante voire tératologique que celle de « femme d’intérieur ».

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