Pendant la campagne des régionales, les questions de l’agriculture urbaine et des circuits courts de consommation de produits comestibles se sont posées à de nombreuses reprises. Alain Rousset, tête de liste PS en Aquitaine a ainsi visité des installations maraichères dans le Médoc, tandis que Cécile Duflot, candidate Europe Ecologie en Ile de France, en a fait un point fort de son programme.
Pour autant, ces intentions politiques de promouvoir un équilibre entre ville et campagne, d’encourager des relations plus fortes entre la métropole et ses marges ne constituent pas des innovations majeures, mais plutôt des redécouvertes. Ainsi, l’histoire urbaine témoigne de nombreuses situations dans lesquelles la production agricole est pleinement intégrée aux pratiques urbaines. Au 18ème siècle, c’était notamment le cas du nord de Paris, comme en témoigne le récit d’une promenade de Jean Jacques Rousseau :
« Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu'à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu'à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin. Je m'amusais à les parcourir avec ce plaisir et cet intérêt que mont toujours donnés les sites agréables, et m'arrêtant quelquefois à fixer des plantes dans la verdure. J'en aperçus deux que je voyais assez rarement autour de Paris et que je trouvai très abondantes dans ce canton-là. L'une est le Picris hieracioides, de la famille des composées, et l'autre le Bupleuron falcatum, de celle des ombellifères. Cette découverte me réjouit et m'amusa très longtemps et finit par celle d'une plante encore plus rare, surtout dans un pays élevé, savoir le Cerastium aquaticum que, malgré l'accident qui m'arriva le même jour, j’ai retrouvé dans un livre que j'avais sur moi et placé dans mon herbier.
Enfin, après avoir parcouru en détail plusieurs autres plantes que je voyais encore en fleurs, et dont l'aspect et l'énumération qui m'était familière me donnaient néanmoins toujours du plaisir, je quittai peu à peu ces menues observations pour me livrer à l'impression non moins agréable mais plus touchante que faisait sur moi l'ensemble de tout cela. Depuis quelques jours on avait achevé la vendange ; les promeneurs de la ville s'étaient déjà retirés ; les paysans aussi quittaient les champs jusqu'aux travaux d'hiver. La campagne, encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l'image de la solitude et des approches de l'hiver. »
Dans cet extrait, la réalité dépasse la fiction. La description d’une urbanité champêtre, étendue et verte est bien plus intéressante que l’imaginaire contemporain de la ville écologique, rendue durable à force d’isolant, de fenêtre triple vitrage à lame d’argon et bardée d’éoliennes et de capteurs solaires sans cesse devenus obsolètes…
Par ses antécédents, par sa pertinence autant que par son actualité, il importe donc à l’urbanisme de prendre en compte et de questionner l’agriculture métropolitaine, à la racine.
Lire :
http://www.aqui.fr/politiques/regionales-alain-rousset-tete-de-liste-regionale-ps-sur-le-terrain-de-l-agriculture-urbaine-du-sud-medoc,2813.html
http://parisbanlieue.20minutes-blogs.fr/archive/2010/03/03/grand-paris-et-regionales-on-est-favorable-a-une-metropole-p.html
Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Paris, 1782. (Deuxième promenade )
Pour autant, ces intentions politiques de promouvoir un équilibre entre ville et campagne, d’encourager des relations plus fortes entre la métropole et ses marges ne constituent pas des innovations majeures, mais plutôt des redécouvertes. Ainsi, l’histoire urbaine témoigne de nombreuses situations dans lesquelles la production agricole est pleinement intégrée aux pratiques urbaines. Au 18ème siècle, c’était notamment le cas du nord de Paris, comme en témoigne le récit d’une promenade de Jean Jacques Rousseau :
« Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu'à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu'à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin. Je m'amusais à les parcourir avec ce plaisir et cet intérêt que mont toujours donnés les sites agréables, et m'arrêtant quelquefois à fixer des plantes dans la verdure. J'en aperçus deux que je voyais assez rarement autour de Paris et que je trouvai très abondantes dans ce canton-là. L'une est le Picris hieracioides, de la famille des composées, et l'autre le Bupleuron falcatum, de celle des ombellifères. Cette découverte me réjouit et m'amusa très longtemps et finit par celle d'une plante encore plus rare, surtout dans un pays élevé, savoir le Cerastium aquaticum que, malgré l'accident qui m'arriva le même jour, j’ai retrouvé dans un livre que j'avais sur moi et placé dans mon herbier.
Enfin, après avoir parcouru en détail plusieurs autres plantes que je voyais encore en fleurs, et dont l'aspect et l'énumération qui m'était familière me donnaient néanmoins toujours du plaisir, je quittai peu à peu ces menues observations pour me livrer à l'impression non moins agréable mais plus touchante que faisait sur moi l'ensemble de tout cela. Depuis quelques jours on avait achevé la vendange ; les promeneurs de la ville s'étaient déjà retirés ; les paysans aussi quittaient les champs jusqu'aux travaux d'hiver. La campagne, encore verte et riante, mais défeuillée en partie et déjà presque déserte, offrait partout l'image de la solitude et des approches de l'hiver. »
Dans cet extrait, la réalité dépasse la fiction. La description d’une urbanité champêtre, étendue et verte est bien plus intéressante que l’imaginaire contemporain de la ville écologique, rendue durable à force d’isolant, de fenêtre triple vitrage à lame d’argon et bardée d’éoliennes et de capteurs solaires sans cesse devenus obsolètes…
Par ses antécédents, par sa pertinence autant que par son actualité, il importe donc à l’urbanisme de prendre en compte et de questionner l’agriculture métropolitaine, à la racine.
Lire :
http://www.aqui.fr/politiques/regionales-alain-rousset-tete-de-liste-regionale-ps-sur-le-terrain-de-l-agriculture-urbaine-du-sud-medoc,2813.html
http://parisbanlieue.20minutes-blogs.fr/archive/2010/03/03/grand-paris-et-regionales-on-est-favorable-a-une-metropole-p.html
Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Paris, 1782. (Deuxième promenade )
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