Concours bisannuel d’urbanisme, Europan est devenu depuis le milieu des années 1980 un laboratoire pour les politiques urbaines, un tremplin pour de jeunes équipes d’urbanisme et un lieu d’innovation à l’échelle européenne. Les palmarès des différentes éditions ont notamment distingué le groupe hollandais MVRDV, les espagnols Cero.9, les croates Njiric+Njiric ou les français Djamel Klouche ou BNR (Babled- Nouvet- Reynaud). Lancée la semaine passée, la 10ème session de cette consultation se concentre sur trois thématiques : régénération, revitalisation, colonisation.
Or, la profondeur historique de ces trois mots rend ces concepts bien maladroits pour ne pas dire dangereux. En effet, ces notions renvoient au registre d’une identité nationale épurée, assumée voire revendiquée. Ainsi, régénération est un mot fréquemment utilisée par le régime de Vichy et le Maréchal Pétain, comme dans cette allocution du 30 octobre 1940 : « Français, J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. […]Une telle entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce a la dignité des Français devant l'épreuve, grâce à l'immense effort de régénération auquel ils se sont prêtés, grâce aussi à l'héroïsme de nos marins, à l'énergie de nos chefs coloniaux, au loyalisme de nos populations indigènes. La France s'est ressaisie. »
Le substantif revitalisation a été formé au début des années 1920 dans cette même double perspective, à la fois morale et organiciste. Enfin, le mot colonisation se passe de commentaires tant son histoire, son économie et la persistance des inégalités qu’elle à produite rend délicate voire impensable son application au champ de l’urbanisme.
Sans polémiquer davantage sur cette ombre planant sur la session Europan 10, on s’en tiendra au titre principal du concours, nettement plus optimiste et progressiste : Inventer l’urbanité !
A voir :
http://www.europan-europe.com/e10/fr/home/home.php
http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48&np=102
http://mots.revues.org/index5593.html
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