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26 décembre 2008

Appellation d’origine incontrôlée

Lors de sa venue à Paris, le 10 décembre à l’auditorium du Louvre, Jacques Herzog soulignait l’importance de la nomination d’un édifice comme marque d’appropriation de la part du public. A partir de l’exemple du Stade de Pékin, il expliquait que le nom Bird’s Nest - Nid d’oiseau, initialement suggéré par l’agence Herzog & DeMeuron, a ensuite été repris sans les médias et enfin consacré par le public comme l’appellation incontestée de l’édifice.


Flatteurs, efficaces ou délibérément moqueurs, les surnoms des bâtiments témoignent de la difficile médiatisation ou publicisation de l’architecture. Ainsi, de l’historique Maison du fada qualifiant la Cité Radieuse de LeCorbusier, au fameux Gherkin – Cornichon utilisé pour désigner la Swiss Re Tower édifiée par Foster & Arup à Londres, en passant par le fantaisiste Darth Vader Helmet apposé au London City Hall du même Foster, la maîtrise de la réception d’un bâtiment apparaît comme un véritable tour de force.


En guise d’apéritif conclusif, nous vous offrons « L’Apéricube », livré tout récemment par l’architecte parisien Eric Lapierre, dont le nom officiel est : Le Point du Jour - Centre d’art et de photographie de Cherbourg.



A voir :
http://www.lepointdujour.eu
http://www.lemoniteur.fr/diaporama/portfolio.asp?id=278

20 décembre 2008

A moitié

Temps de crise, ralentissement économique, investissements en chute libre, cessations d’activités… Tout incite à concevoir et à produire avec moins de moyens, tant bien que mal. Dans cette ambiance morose, voici trois propositions pour une architecture de crise, trois réponses littéralement réduites.

Lorenz Estermann, ou le travail de modélisation d’un réel suranné, d’un bidonville futuriste.


Atelier Malkovich, ou le workshop organisé par le centre d’art Nieuw En Meer, en référence au demi étage du film de Spike Jonze (Being John Malkovich – 1999), produisant des installations architecturales à l’échelle 1/2.


Lilliput Play Homes, ou l’insouciance enfantine devenue bonheur du petit propriétaire. Une Grand Victorian Playhouse à partir de 18,999.00 $.



A voir :
http://www.lorenz-estermann.com
http://www.nieuwenmeer.nl/malkovich
http://www.lilliputplayhomes.com/
FlickR

16 décembre 2008

L’indice de pauvreté

Produite par l’agence BDDP, la nouvelle campagne d’information sur les conditions du mal logement de la Fondation Abbé Pierre insiste particulièrement sur les surfaces minimales parfois occupées par des familles entières. Le média utilisé, l’affiche 4x3 m, est le véritable support de cette opération de sensibilisation puisque le visuel représente à échelle réelle une pièce de 12 m², investie par une famille de 5 personnes.


Assez rarement utilisé par les architectes, le système de représentation en plan perspectif de l’image est extrêmement lisible. Loin de déboussoler, ce type de figuration de l’espace est d’ailleurs déjà familier le grand public, notamment par le biais du fameux jeu d’intrigue policière Cluedo. Avec le poignard dans la cuisine !


Pourtant, si le plateau du jeu, fonctionne sur une différenciation des salles, une séparation des fonctions, l’affiche de la fondation représente la fusion de toutes les activités dans un seul espace. Par ailleurs, cette photographie est moins conçue comme une image archétypique que comme une véritable installation puisque sa réalisation a nécessité la construction de la pièce. Sans perdre de vue la portée sociale et politique du combat de la fondation, on peut aussi remarquer que les thèmes plastiques de la collection d’objets, de l’accumulation d’usages ou la poétique de la saturation d’un espace se rapprochent du travail du photographe Jeff Wall et plus particulièrement d’une oeuvre réalisée entre 1999 et 2000 : After 'Invisible Man' by Ralph Ellison, the Prologue. Où quand la prise de conscience d’un drame quotidien rejoint la mise en scène d’une fiction, une allégorie.


Sources :
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/index.php?id=15
http://www.tate.org.uk/modern/exhibitions/jeffwall/rooms/default.shtm
FlickR

10 décembre 2008

Les habits neufs de l’empereur

Consacrée à l’oeuvre d’Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, la rétrospective tenue à la Cité de l’architecture et du patrimoine est un lieu contradictoire. La conférence des deux architectes, donnée ce lundi, a permis de constater le fossé entre la démarche remarquable de l’agence et la scénographie voire le contenu même de l’exposition. L’opposition entre la pratique de Lacaton-Vassal et la restitution proposée à Chaillot se manifeste presque terme à terme.

De la conférence on retiendra. La patience et la précision des explications d’Anne Lacaton, les relances plus conceptuelles ou polémiques de Jean-Philippe Vassal. L’envie, dans toutes leurs réalisations, d’offrir des surfaces non programmées, mises en tension par d’autres espaces exploités du bâtiment (Immeubles St-Nazaire). La passion pour les processus constructifs, pour les modes l’organisation de l’espace en relation avec les systèmes de dimensionnement (Ecole d’Architecture de Nantes) mais aussi pour le joyeux capharnaüm installé par les habitants dans leurs logements (Maison Latapie, Cité Manifeste à Mulhouse). Le courage de faire avec l’existant, le vulgaire, avec les carcasses des architectures clones de la fin des Trente glorieuses (Tour Bois-le-Prêtre mais aussi le Palais de Tokyo).


Quant à l’exposition on peut la qualifier différemment. D’autoritaire parce qu’elle contraint au rythme lent de la vidéo, seul média employé dans le cadre de cette rétrospective. De laide, par le dégradé gris bleuté des diaporamas powerpoint (semblables aux plus beaux exemples d’une chambre de commerce et d’industrie). D'insupportable, en ce que ce dispositif empêche toute vision synthétique des projets et rend le discours architectural sentencieux, vérité assenée en un flux continu. Enfin, de métaphorique reflétant la condition quotidienne d’une profession : l’écran et l’informatique comme seule fenêtre sur le monde.

Sans pousser plus en avant une investigation sur les raisons de cette intention, de réaliser une projection plus qu’une exposition, reprenons les mots de l’enfant du conte d’Hans Christian Andersen :

« Mais le roi est nu ! »


Voir :
http://www.lacatonvassal.com/

7 décembre 2008

Aux origines de la médiocratie

En ces temps de remise prix et honneurs hexagonaux, un petit rappel des attendus théoriques et pédagogiques de cette architecture à la française n’est pas inopportun. Ecoutons donc Bernard Huet, fer de lance de cette mouvance, rédacteur en chef de L'Architecture d'aujourd'hui de 1974 à 1977 et membre fondateur d’ UP8 / Paris-Belleville ou il enseigna durant 30 ans, de 1968 à 1998.


« L’architecture publique doit être tout simplement bonne, rarement originale et exceptionnellement géniale. Ce qui veut dire qu’il faut former dans les écoles d’architecture françaises des architectes majoritairement moyens, pour qu’ils puissent produire une architecture massivement correcte et le plus souvent bonne. Il faut qu’ils apprennent à appliquer leur savoir architectural au problème particulier des édifices publics et paradoxalement qu’ils désapprennent à monumentaliser sans rime ni raison chaque projet qui sort des planches à dessin. »


Source :
Bernard Huet, « De la qualité architecturale des édifices publics à l’architecture publique », in CCI, Architectures publiques 1990, Liège, Mardaga, 1990, pp.15-18

4 décembre 2008

Starchitecture


Alors que les travaux des 10 équipes au chevet du Grand Paris, doivent être achevés au printemps 2009, nous sommes soumis à un message plus fort qu’une campagne d’information gouvernementale : le single « Paris » du groupe anglo-saxon Friendly Fires. Sur une boucle rythmique intense, le chanteur exulte une véritable ode à Paris, cité des lumières et de la nuit.



Si l’on peut douter de la conclusion de l’opération Grand Paris, notamment en raison du difficile exercice de concorde des acteurs politiques, au moins lui reste-t-il le strass, le prestige et les étoiles.

One day we're gonna live in Paris
I promise, I'm on it
When I'm bringing in the money
I promise, I'm on it
I'm gonna take you out to club showcase
We're gonna live it up
I promise, Just hold on a little more

And every night we'll watch the stars
They'll be out for us, They'll be out for us
And every night, the city lights
They'll be out for us, They'll be out for us

One day we're gonna live in Paris
I promise, I'm on it
I'll find you that French boy,
You'll find me that French girl
I promise, I'm on it

So go and pack your bags
For the long haul
We're gonna lose ourselves
I promise, This time it's you and me for evermore

And every night we'll watch the stars
They'll be out for us, They'll be out for us
And every night, the city lights
They'll be out for us, They'll be out for us


Sources :
http://www.legrandparis.culture.gouv.fr
www.lyricsmania.com