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10 décembre 2008

Les habits neufs de l’empereur

Consacrée à l’oeuvre d’Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, la rétrospective tenue à la Cité de l’architecture et du patrimoine est un lieu contradictoire. La conférence des deux architectes, donnée ce lundi, a permis de constater le fossé entre la démarche remarquable de l’agence et la scénographie voire le contenu même de l’exposition. L’opposition entre la pratique de Lacaton-Vassal et la restitution proposée à Chaillot se manifeste presque terme à terme.

De la conférence on retiendra. La patience et la précision des explications d’Anne Lacaton, les relances plus conceptuelles ou polémiques de Jean-Philippe Vassal. L’envie, dans toutes leurs réalisations, d’offrir des surfaces non programmées, mises en tension par d’autres espaces exploités du bâtiment (Immeubles St-Nazaire). La passion pour les processus constructifs, pour les modes l’organisation de l’espace en relation avec les systèmes de dimensionnement (Ecole d’Architecture de Nantes) mais aussi pour le joyeux capharnaüm installé par les habitants dans leurs logements (Maison Latapie, Cité Manifeste à Mulhouse). Le courage de faire avec l’existant, le vulgaire, avec les carcasses des architectures clones de la fin des Trente glorieuses (Tour Bois-le-Prêtre mais aussi le Palais de Tokyo).


Quant à l’exposition on peut la qualifier différemment. D’autoritaire parce qu’elle contraint au rythme lent de la vidéo, seul média employé dans le cadre de cette rétrospective. De laide, par le dégradé gris bleuté des diaporamas powerpoint (semblables aux plus beaux exemples d’une chambre de commerce et d’industrie). D'insupportable, en ce que ce dispositif empêche toute vision synthétique des projets et rend le discours architectural sentencieux, vérité assenée en un flux continu. Enfin, de métaphorique reflétant la condition quotidienne d’une profession : l’écran et l’informatique comme seule fenêtre sur le monde.

Sans pousser plus en avant une investigation sur les raisons de cette intention, de réaliser une projection plus qu’une exposition, reprenons les mots de l’enfant du conte d’Hans Christian Andersen :

« Mais le roi est nu ! »


Voir :
http://www.lacatonvassal.com/

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