Alors que dehors, la tempête des crédits immobiliers gronde, Bertrand Delanoë dévoilait il y a peu, le projet d’une tour dans l’emprise du parc des expositions de Paris. Commandité par Unibail aux brillants architectes suisses Herzog et De Meuron, ce projet dit « Triangle » s’inscrit sur le boulevard des Maréchaux comme une hypothèse supplémentaire de dépasser le plafond des hauteurs aux portes de Paris. Si la programmation exacte du projet et sa taille définitive (entre 180 et 210m) ne sont pas encore connues, sa forme s’impose d’un coup d’œil. Une pyramide de verre, cristalline…
Cette grande forme rappelle inévitablement l’opération du Louvre dessinée par Ieoh Ming Pei en 1983. Transparence, espaces publics intérieurs, réflexions et disparition, confrontation d’une modernité à la ville historique, nombreuses sont les notions et thématiques architecturales partagées par ces deux projets. Puisque ces édifices composent un aperçu des usages politiques des formes architecturales, replaçons les dans l’histoire politique et architecturale récente.
Le bâtiment d’Herzog & De Meuron semble être un acte fondateur pour un Paris métropolitain, mais aussi pour le destin national de Delanoë. Dans les pas de François Mitterrand, choisissant la pyramide pour le Grand Louvre, Delanoë propose le « Triangle » pour le Grand Paris. Un même archétype architectural au service d’un projet politique. A chaque homme de gauche voué à un destin présidentiel sa pyramide ?
Pourtant, la forme pyramidale renvoie à des conceptions paradoxales. Alors que le Louvre cristallise l’ambition culturelle de François Mitterand et forge l’acception Paris= Ville Musée par l’alliance du patrimoine et d’une technique architecturale, le « Triangle » est quant à lui produit et utilisé pour briser cette image. Pour Delanoë, ancrer Paris dans son devenir métropolitain à un prix : celui d’imiter les choix du père pour mieux s’en détacher…
Images : © Herzog & De Meuron, FlickR
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